Que c'est glauque ! Bella (Emma Stone), créature frankensteinienne élaborée par un médecin (Willem Dafoe) qui semble lui-même être passé entre les mains du héros de Mary Shelley et avoir fait un stage chez le Docteur Moreau, va faire son éducation, partant de zéro tout en ayant déjà un corps de femme. Mais ses lectures, son intérêt pour le socialisme semblent un vernis bien léger pour rehausser tardivement un film plutôt vain et esthétisant, parfois assez beau, mais toujours à la limite du clinquant, ne nous épargnant pas quelques plans répugnants de dissection et d'opérations.
Cette éducation se caractérise surtout par une sexualité débridée mais rarement joyeuse. Dans ce rôle à Oscar, Emma Stone se donne à fond, mais on est assez gêné pour elle, tant le traitement que lui impose le réalisateur est dégradant, Bella subissant des coïts d'individus généralement répugnants. Bella, qui voulait découvrir le monde, reviendra finalement à son point de départ, mais soldera tout de même ses comptes avec le passé. Si le film ménage quelques notes d'humour (le bon père de famille qui emmanche Bella sous les yeux de ses fils, pour faire leur éducation) et un relatif happy-end (la cruauté n'en est pas absente), il reste tout de même une boursouflure tape-à-l’œil, qui aurait mérité de nombreux coups de scalpel, car en plus c'est très long.