Succès du western italien oblige, l'heure n'était plus en 1968 aux westerns idéalistes, mais à un ton plus désabusé. Gregory Peck a donc la charge d'assurer la transition avec le western classique: son personnage de MacKenna, aventurier repenti devenu shérif sans le sou, est le seul à faire preuve de droiture et d'altruisme, et paraît bien seul au milieu d'une belle bande de canailles (même si l'on peut se dire qu'il y aurait eu davantage à tirer de la troupe hétéroclite qui se constitue autour de Colorado). Car la soif de l'or n'épargne personne: Anglais en goguette, messieurs (jadis) honnêtes, sergent opportuniste,... A l'exception de MacKenna, le seul à croire jusqu'au bout que le filon n'est qu'une légende.
Face à lui, dans le rôle de Colorado, Omar Sharif est le contrepoint idéal: bandit élégant, charmeur, souriant, sans scrupule, tuant de sang-froid mais rêvant secrètement de la vie parisienne ! Quant à MacKenna, il encaisse les coups, mais est suffisamment solide pour y résister, et suffisamment malin pour s'en sortir à chaque fois. Rien ne manque pour donner un souffle épique à ce western tardif: charges apaches, embuscades, cavalcades, fusillades, rivière dangereuse, squaw sensuelle mais jalouse,... et même un tremblement de terre pour finir !
Si le décor aride et majestueux du désert de l'Arizona est bien poussiéreux, on ne peut pas en dire autant du film, qui est une vraie réussite.