Le premier film de Céline Song raconte l'histoire de Nora et Hae Sung, deux élèves d'une même classe qui sont deux amis très complices, timidement attirée l'un envers l'autre. Le père de Nora, cinéaste, va vite devoir quitter Séoul avec sa famille pour s'installer au Canada. On imagine la tristesse de Hae Sung qui ne peut oublier celle dont il lui arrivait de sécher les larmes, à tel point que, de nombreuses années plus tard, grâce à la notoriété de son père, il réussira à reprendre contact avec elle et à la retrouver là où elle habite, à New-York. Malheureusement, il découvre que Nora a refait sa vie avec un homme, Arthur.


Céline Song réalise un premier film d'une rare délicatesse sur le temps qui s'écoule, ce qui reste des expériences passées, ce que l'on voudrait conserver et sur ce qui a définitivement disparu. J'ai beaucoup aimé le rythme tout en retenue du récit, la sobriété et la beauté de la photographie ainsi que la vérité des dialogues.


La jeune cinéaste nous démontre que la vie n’est autre qu’une suite de choix d’opportunité. En empruntant un chemin, on décide d’en condamner un autre. Malgré leurs retrouvailles virtuelles grâce au réseaux sociaux, 12 ans après leur première séparation, Nora et Hae Sung sont confrontés à des nouveaux obstacles. Seulement, la distance physique n’est plus la seule barrière qui les sépare. On observe peu à peu les différences culturelles et les oppositions naissantes qui s’interposent entre nos deux personnages.


Difficile de ne pas être conquis par la performance des acteurs (Greta Lee et Teo Yoo), qui parviennent à nous faire comprendre ce que ces personnages ressentent sans pour autant avoir à le verbaliser. Jusqu’aux derniers instants, Céline Song cultive chez le spectateur ce sentiment d’inachevé et nous fait succomber aux larmes de Nora. Elle réussi son pari de placer le spectateur au coeur de l’intimité des personnages alors que nous entrons dans la peau d’Arthur dans le bar à cocktail pour écouter les discussions entre Nora et Hae Sung que lui-même ne peut qu’observer sans en saisir le sens.


Un film sur la magie de l’amour à travers les décennies, sur sa fatalité, sur ce qu’on est prêt à faire pour son partenaire, traité avec subtilité et humilité. Traité sans facilité aucune, toujours l’expression de la beauté et de la grâce dans sa forme la plus pure.


Past lives sonne comme un coup de foudre, un film qu’on a envie de chérir et d’aimer profondément, car il n’y a rien de plus essentiel que la beauté de ses émotions pures. Un de mes films de l'année, sans aucun doute



MartinDu_Diplorevoir
9

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Créée

le 3 janv. 2024

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