Troublante Odysée

Premier film d’un réalisateur iranien exilé en Grèce, Pari collisionne ces deux cultures dans une Athènes présentée à travers une perspective surprenante.

Pari (Melika Foroutan) et Farrokh (Shahbaz Noshir) débarquent tout droit à Athènes, en provenance d’Iran. Cela fait plusieurs mois que leur fils Babak n’a pas donné de nouvelles, alors qu’il est censé y étudier. Les parents ne sont donc guère étonnés de ne pas le retrouver à l’aéroport et s’engagent dans une quête qui va les mener dans les recoins les plus sombres de la capitale grecque.

On ne compte plus les films sur des parents qui se lancent dans une quête désespérée pour retrouver un enfant disparu (notamment les récents Madre et Ema). Si Pari reprend cette structure éculée, le film parvient toutefois à surprendre, en se focalisant sur les parents, et surtout le personnage titre, Pari, la mère de Babak. Pour celle qui est décrite comme une « femme d’ayatollah », ce périlleux voyage dans des quartiers « abandonné de Dieu » gangrénés par la misère, la drogue et la prostitution, va être révélateur d’une nouvelle facette. La performance Melika Foroutan compte beaucoup dans la réussite du film et la transformation de son personnage au cours du récit. Par ailleurs, le regard que porte le réalisateur Siamak Etemadi sur Athène, ville dans laquelle il est établi depuis 2005, ne manque pas d’originalité. La cité, idéalisée comme un eldorado des « soi-disant libertés » par les jeunes iraniens en quête d’émancipation, se révèle n’être qu’un laborieux capharnaüm propice au questionnement sur le choc des cultures. Cet environnement hostile ne sera que plus révélateur de la force et la dignité de Pari et Farrokh. Ainsi, malgré une fin un peu précipitée, Pari s’avère être une odyssée passionnante en compagnie de personnages forts.