Pour les adeptes d'acteurs talentueux qui cherchent à sauver un film mal écrit...

Pourquoi suis-je allé voir *OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire* ? J’avais apprécié les deux premiers épisodes que j’étais allé voir en salle. J’en gardais un souvenir drôle et divertissant. J’avais plaisir à retrouver ce personnage plein de défauts auquel pourtant je m’étais attaché. Je n’appréhendais pas particulièrement le changement de réalisateur partant du principe que le talent de Jean Dujardin était suffisant pour compenser d’éventuelles faiblesses d’écriture…
L’intrigue de de ce nouvel opus s’inscrit en 1981, quelques semaines avant l’élection présidentielle. Ce cher OSS a pris un coup de vieux. On lui octroie un poste de bureau au service informatique. Les dirigeants du contre-espionnage préfèrent envoyer un jeune loup, OSS 1 001, sur le terrain en Afrique. Mais quand ce dernier ne donne plus signe de vie, on fait évidemment appel à ce cher Hubert pour sauver la mise à tout le monde…
Le fait de plonger l’espion au milieu des arcanes diplomatiques de la France Afrique de cette époque-là possède évidemment un potentiel intéressant. La condescendance colonialiste des dirigeants, le comportement insupportable des chefs d’états africain et les codes de la « démocratie » locale sont des supports parfaits pour que OSS donne sa pleine mesure. Hélas, j’ai trouvé que tout cela était sous-exploité. L’humour est lourd à défaut d’être drôle. L’écriture utilise de grosses ficelles au lieu de faire appel à l’intelligence du spectateur. Certaines répliques auraient fait davantage mouche si elle n’est pas amenée de manière aussi longue et lourde et si elle n’était pas autant soulignée lorsqu’elle était énoncée. La rupture avec les deux premiers épisodes est à ce niveau-là flagrante. Les vannes tombent souvent à plat à cause de leur mise en place. Une mise en scène différente aurait offert des moments hilarants alors qu’on esquisse souvent ici un léger sourire parfois gêné. 

Est-il besoin de préciser que l’essentiel de la réussite du film est construit autour de son héros ? Évidemment, nombre de ses remarques et de ses comportements à l’égard de la population noire s’avèrent profondément racistes. La maladresse du héros offre des moments réussis en s’appuyant sur des idées comiques qui font mouches. Dommage que beaucoup de scènes soient gâchées car amenées avec de « gros sabots ». La répétition de certains comportements d’OSS fait que l’ensemble manque de surprise et finalement fait plus sourire que rire. OSS possédant toutes les qualités, en plus d’être raciste, il est misogyne ! Cet aspect de sa personnalité qui est un film conducteur de la saga est ici peu exploité. Cela se résume à quelques saillies qui ne font pas toute mouche. Pour résumer, OSS est toujours aussi bête mais il est moins drôle…

Comme je l’évoquais précédemment, ce cher OSS a vieilli. Il est associé une époque révolue. L’heure est la nouvelle génération avec ce nouvel agent interprété par Pierre Niney. L’histoire va les amener à collaborer. Le choc des cultures entre les deux espions est là encore une bonne idée. Là encore, je la trouve mal exploitée. OSS 1 001 est, à mes yeux, en retrait. Il ne sert finalement que de faire-valoir maladroit à son illustre acolyte. Le talent de Niney n’est pas à remettre en cause bien au contraire. Il fait ce qu’il peut avec ce que lui offre le scénario. Le duo est mal écrit. Le côté « bodie movie » est finalement un faible ressort comique du film.

Concernant l’intrigue en elle-même, elle est loin d’être centrale. Néanmoins, cela n’obligeait pas à la bâcler. Les enjeux sont sans intérêt. Je ne me suis pas du tout intéressé au devenir de tout ce petit monde. Le dénouement arrive comme un cheveu sur la soupe. Le déroulé est linéaire sans aucun rebondissement. Les quelques ficelles sont très épaisses. Bref, l’écriture est un des gros points faibles du film !
Vous l’aurez compris, ce film m’a profondément déçu. Je trouve dommage qu’avec le potentiel qu’il possédait au départ, il aboutisse à un tel résultat. Jean Dujardin confirme son talent en exploitant remarquablement ce qu’offre le scénario à son personnage. La performance des autres acteurs est également bonne. Mais l’écriture est trop faible pour générer une comédie drôle et divertissante. La comparaison avec le travail de Michel Hazanavicius est rude. Néanmoins, je me laisserais sûrement tenté par un quatrième opus s’il devait exister car j’aime bien l’esprit de la saga. Mais je serais rassuré de savoir que Nicolas Bedos ne mène pas le projet…