Évacuons tout de suite l'inévitable comparaison aux derniers Spiderman : Ninja Turtles Teenage Years se forge son propre style graphique, au crayonné plus brut et au rendu parfois proche de la sculpture d'argile. Le résultat est très sympa et prouve vraiment que les horizons artistiques du film d'animation sont plus nombreux que la 3D un peu lisse devenue dominante. Pour l'histoire, on est sur un canevas classique d'émancipation adolescente d'une tutelle parentale bienveillante mais étouffante, et d'acceptation par ses pairs ; l'idée de transformer Splinter en vieux paternel à charentaises appréhendant le syndrome du nid vide fonctionne bien, ce qui permet aux tortues d'exister, même si leur personnalité semble un peu figée depuis les précédentes itérations.
La réalisation est bien menée et sait dynamiser les scènes d'action (j'aime beaucoup le montage en parallèle des 1ères confrontations avec les différents gangs), sans non plus atteindre la folie furieuse de Spidy (oups, j'avais promis de pas comparer). La séquence finale est assez dantesque, presque horrifique, peut-être un chouia trop longue. L'humour accompagne le récit à la juste dose, une belle scène de vomi à retenir. Les persos secondaires ont de bonnes bouilles et April O'Neil est très bien (les réacs du net ont vraiment rien d'autres à foutre que de ronger ce genre d'os). La BO joue la facilité mais ça passe, et le doublage français s'en tire étonnamment bien (Gérard Darmon est à l'aise dans ses charentaises, et Audrey Lamy copycate la voix de Muriel Robin !).
Beaucoup de qualités pour un film d'animation sympatoche, avec des studios français à la manœuvre, qui plus est. Ma fille a bien aimé et s'est amusée, preuve que ça fonctionne pour tout public.