Los Angeles la nuit, les lumières qui semblent se déployer à l'infini de cette cité tentaculaire, éclairent sous leurs éclats crus et artificiels les scènes de faits divers qui font la sève des chaînes d'informations.
Lou Bloom un médiocre petit voleur, escroc à la petite semaine, doué d'une intelligence machiavélique et sans scrupules, ni la moindre morale, s'attache à tirer profit et gloire de cet appétit des médias pour les images chocs qui font l'essentiel de leurs programmes. Jake GYLLENHAAL incarne avec brio ce personnage froid, inquiétant de vice sur qui aucune considération d'ordre morale ne semble avoir prise et qui porte l'art de la manipulation psychologique à des niveaux rares, visant un dessein pour lequel il sera prêt à tout.
Bien vite, son opportunisme et son amoralité le conduisent à franchir les limites de la légalité pour proposer des images toujours plus intenses. Si quelques voix s'élèvent pour tenter de modérer tout ceci, elles sont vites balayées par la responsable de l'antenne Nina, qui se révèle pas plus morale que Lou, dès lors qu'il s'agit d'augmenter son audimat et servir sa carrière. Rene RUSSO joue la partition de cette femme dévorée par l'ambition mais dont la carrière plus proche de la fin que des débuts n'a jamais vraiment été à la hauteur de ses objectifs.
Les deux personnages s'utiliseront mutuellement pour atteindre leurs buts, Lou en dominant psychologiquement son interlocutrice, conscient de la force des images qu'il propose, Nina en laissant sa position de femme de pouvoir allant à l'encontre de ce qu'elle est pour mieux toucher du doigt la notoriété qui lui échappe jusqu'ici et la cantonne à des petites chaînes régionales.
La mise en scène, brillante tient en haleine le spectateur en alternant les scènes d'actions et les plans plus posés où la psychologie torturée des protagonistes se dévoile, une lumière dont le rendu artificiel souligne l'artificiel et le superflu des motivations de nos personnages, mais qui nous renvoie aussi vers notre propre relation à la morale. Le film explore le goût de nos sociétés pour le voyeurisme malsain et notre envie d'images toujours plus fortes, déshumanisant les victimes et participant à l'ambiance de peur et d'inquiétude qu'instillent les médias dans nos esprits.
L'unique personnage, qui semble réservé sur ce dont il est témoin, est l'assistant, lui aussi sous la coupe de Lou, Rick joué par Riz AHMED hélas comme pour mieux illustrer l'immoralité de ce monde il sera éliminé, ses doutes finissant par mettre en danger les objectifs de Lou.
Los Angeles, la nuit.