Alexander Payne, habituel chouchou des oscars, a aussi obtenu les faveurs de Cannes l'été dernier. Nebraska, présenté en compétition officielle, est même reparti avec un prix pour son grand acteur principal : Bruce Dern. Même si Payne est un habitué des cérémonies, son cinéma n'est pas toujours très apprécié.
Nebraska est bien un film signé Payne qui a su, au fil de ses œuvres, se forger une patte significative. C'est une nouvelle fois un road trip, comme l'avaient été Sideways et Monsieur Schmidt, d'un homme qui fait le point sur sa vie, comme Monsieur Schmidt et Monsieur Clooney dans The Descendants. Woody Grant -alias Bruce Dern- est persuadé d'avoir empoché un million de dollar, qu'il compte bien toucher en se rendant au Nebraska, à pied s'il le faut. Son fils, convaincu de l'arnaque, l'accompagne tout de même afin de renforcer les liens avec son père. Alexander Payne ne transcende pas ce scénario un peu simpliste, mais il réussit à lui donner une très belle forme de cinéma.
Nebraka est une jolie réussite. Comme souvent Alexander Payne fait un film très attendrissant, porté par l'interprétation géniale de Bruce Dern, touchant au possible. Le beau noir & blanc, les cadres magnifiques, ce paysage formidable et cette superbe BO ajoutent à cette tendresse ressentie pour ces personnages marginaux. Nebraska est un film très élégant, peut-être un peu gentil, mais très agréable à regarder. À défaut d'un scénario transcendant, la mise en scène est très maîtrisée, pointilliste.
Alexander Payne a le talent de donner du rythme à ses films, d'ajouter un peu de burlesque, notamment avec les personnages des cousins jumeaux, ou celui de la mère. Le cinéaste sait comment enrober ses films de la plus belle des façons pour en faire des concurrents aux grandes cérémonies. Même si sous cet enrobage, le film ne va pas plus loin qu'un bon feel-good movie. Ce n'est pas une arnaque, mais un savoir-faire. Les films d'Alexander Payne ne rentreront pas dans l'histoire, mais nous offriront toujours de beaux petits moments légers de cinéma.
Alexander Payne est qualifié à juste titre d'auteur de cinéma. Puisque même si ses films ne transcendent jamais leur sujet, le réalisateur réussit à leur donner une puissance formelle et une vraie patte cinématographique. Il a le sens du cadre, du casting et fait une utilisation toujours habile de la musique. Une confiserie de cinéma en somme.
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