Ce n'est pas un commode le père Woody Grant ! En plus d'être bourru, râleur et grand adepte de la canette de bière, il est crédule. Persuadé d'avoir gagné le gros lot d'une tombola par tirage au sort, il veut aller le récupérer. Pour une fois que dans sa vie la chance lui sourit, il est certain que les organisateurs lui remettront ce pactole conséquent. Oh bien sûr ce grand-père s'il fugue souvent ne part jamais bien loin car ses proches le retrouvent vite.
La maison de retraite le guette mais David, l'un de ses fils, va tenter l'aventure afin de lui prouver que cette tombola n'est qu'une arnaque. Et puis c'est peut-être le dernier voyage de ce vieillard alors faisons lui plaisir et profitons des circonstances pour lui remémorer ses souvenirs du Nebraska.
Ainsi il va revoir, dans son village de naissance, une partie de sa famille, des vieux copains et beaucoup d'autres personnes toutes intéressées par cette fameuse fortune claironnée par Woody. Cette nouvelle qui prend vite des proportions exceptionnelles ne va pas faciliter la tâche de son fils, son accompagnateur.
C'est une étude de comportements humains avec une énorme dose de nostalgie que nous apporte ce remarquable film. Tout ceci est accentué par un tournage en noir et blanc et une musique tout à fait prenante collant remarquablement à cette histoire simple et mouvementée.
Il est bien certain que ce gros lot est une véritable obsession pour Woody. Il a son caractère Woody, mais c'est un type simple, pas méchant pour un sou et qui fut, dans son village natal, exploité tant et plus. Il ne s'en est jamais rendu compte. Pour lui c'est logique, les gens sont sans détour et pourtant... les copains s'ils ont aussi bien vieilli sont restés les mêmes. Ils sont rustres, rusés et comptent bien profiter du vieux pour la dernière fois. Heureusement le fils David, parfois aidé de Kate, l'épouse revêche de Woody, et le second fils Boss, venus les rejoindre uniquement pour visiter la famille, sont là pour réparer les bourdes commises par l'imprudent grand-père.
David seul avec Woody va finir par arriver à l'endroit fatidique: la "caverne d'Ali Baba" dont le lot se traduira par... une casquette. Vient le voyage du retour. Que ne ferait pas ce fils dévoué, charmant et courageux pour effacer une cruelle déception ? Soyons certains que cet ultime voyage restera pour le vieux Woody un souvenir inoubliable.
A n'en pas douter, le réalisateur Alexander Payne signe ici sa meilleure œuvre. Il nous entraîne dans une balade aussi belle qu'émouvante. Sous sa caméra les paysages, même les plus insignifiants, nous paraissent beaux. Le même film tourné en couleur n'aurait certainement pas fait ressortir cette nostalgie et cette puissance au niveau du personnage principal et de l'histoire. Et pourtant l'intrigue est toute simple mais prenante, pleine de sincérité avec une analyse absolument merveilleuse des différents protagonistes du film.
"Nebraska" a remporté de nombreuses récompenses mais quoi de plus naturel ! Outre le talent d'Alexander Payne, Bruce Dern tenant le rôle de Woody, l'intrépide vieillard, est absolument sublime et criant de vérité. Il nous entraîne dans sa folle aventure en dégageant une profonde émotion. En fait il ne joue pas un personnage, il le vit. Dans cette "épopée" il est accompagné de son fils David, Will Forte, plus vrai que nature dans ce fils attentionné et prêt à beaucoup pardonner pour cet ultime voyage de Woody. Je ne peux passer sous silence les excellentes prestations de June Squibb dans le rôle de Kate, la femme de Woody, et de Bob Odenkirk, Boss, le frère de David.
C'est donc un grand moment de cinéma qui nous est proposé avec cette œuvre originale, touchante et d'un bel esthétisme que je vous conseille fortement tant Bruce Dern rayonne par son naturel.
Ce film a obtenu :
Note: 8/10
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le 26 janv. 2016
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