C’est ma première confrontation avec l’adaptation d’un scénario de Duras que j’ai lu (J’avais lu celui d’Hiroshima mon amour après avoir vu le film d’Alain Resnais). Que j’aime, forcément puisque j’aime tout ce que j’ai lu de Duras. Je me rends compte que je préfère nettement lire Duras que le voir, puisque ses élans, hachés, sont moins homogènes, plus dénaturés à l’image, probablement parce que dans un livre (Quand bien même celui-ci soit un scénario) on peut choisir son propre rythme de lecture tandis que le film nous l’impose.


 Et Nathalie Granger, le film, me pose problème. Je lui trouve un curieux systématisme littéraire dans ses surgissements et ses silences. Sans pour autant qu’on y perçoive un scénario filmé, simplement, si j’aime son ambiance et son noir et blanc, j’accepte moins les dictions de ses acteurs parce que ce sont des acteurs (Jeanne Moreau, Gérard Depardieu) qui ne participent plus à cette tension anonyme qui faisait le sel de ce récit à double entrée, sur la violence hors champ, de la ville qu’on entend à la radio, d’une enfant dont on parle ; L’intérieur et l’extérieur.
Mais bon, c’est ma première incursion Durasienne avec des personnages visibles, incarnés (pas vraiment, en l’occurrence) bref c’était très déroutant. Exemple : J’aime beaucoup, dans le scénario, la place du représentant de commerce, l’espace qu’il vient remplir, le décalage qu’il vient créer et sa propre déroute qu’il suscite. Là je n’y crois pas. Et puis je m’y suis ennuyé. Alors que j’étais à priori parfaitement disposé puisque plongé dans la lecture de son deuxième livre, La vie tranquille. Ce qui me plait le plus ce sont ces plans secs en creux, sur les objets de la maison, les tâches qu’elle recèle, l’entrelacement des pièces. Le film dans son ensemble est beau, singulier, oui, mais ça manque de chair et de sang, et d’évocation comme ça peut être le cas dans le double court dédié à Aurelia Steiner. Son cinéma se cherche encore.
JanosValuska
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le 30 sept. 2016

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