Nano l'étron

Commençons par le commencement. Classique, cette phrase, mais je rattrape ce truc nul par mon titre pute-à-cliques (je sais pas l'écrire). Napoléon, ça se regarde. Napoléon, c'est sympatoche. Napoléon, ça passe.

Mais d'où, non de non de sacrebleu de bordeloum, d'où est-ce qu'en 2023, avec toute l'histoire cinématographique que le monde a, tous les grands péplums (dont Scott est un maître ce saligaud) dont l'on dispose, et la technique (CGI etc) dont nous sommes pourvus, d'où peut-on seulement dire "Napoléon, ça passe" ???

Qu'on soit bien clairs. J'suis un vrai républicain comme la majorité des Français. Moi les rois je les mets sur des cure-dents, les empereurs je les mets au bout de cordes et je pousse les tabourets, les vilains je manifeste contre et puis je ferme ma gueule face à un 49.3. Ouais, chuis Français.

Mais crotte, pas touche à Napo !!!!! Enfin, si, dépeignez-le comme un tyran (factuellement le gars c'est pas Mère Theresa hein), mais faites le BIEN !!!

Comment dire. Je m'attendais pas au film de l'année, mais j'avais hâte d'un Gladiator-like movie, surtout en salle Ice. Et quel raté.

Historiquement, ça pue. Rien ne va. Passez au prochain paragraphe si vous voulez éviter mon bla-bla historique. Je vais faire une ch'tite liste non exhaustive (je suis pas historien) car j'ai vu ce film avec un de mes collègues de boulot passionné d'histoire qui a passé 2h30 à bondir sur son fauteuil de gêne et de colère... Comment foirer autant un personnage historique, me répétait-il, comment foirer autant un personnage historique ? Eh bien...

-comme la presse l'a déjà démontré, faites-lui prendre part à des évènements qu'il n'a jamais connus (bye-bye Marie-Antoinette ou encore le cheval de Napo qui éclate sous un boulet avec un max de sang, aaaaah, c'est un film pour adultes !!!) ;

-ajoutez une pincée de sel dans la soupe en lui faisant commettre l'opposé de ce qu'il a fait (tirer à gros boulets sur les pyramides, lui qui était égyptophile (je connais pas le vrai terme)) ;

-mettez un peu de piment en le transformant en pépé parce que vous voulez caster que Joaquin (je t'aime bébé m'en veux pas désolé) et pas avoir plusieurs acteurs pour montrer son vieillissement ;

-faites tomber la louche dans le chaudron en représentant ses relations avec les autres personnages (hors Joséphine) comme si ça sortait du tchat Xbox-Live de 2012 ;

-crachez dans votre soupe en occultant la totalité des autres figures historiques du film hormis le Tsar (et encore, là, c'est Justin Bieber) ;

-déféquez allègrement dans le breuvage avec la touche finale qui consiste à, je ne sais trop à vrai dire, transformer Napoléon en un dark emo Sasuke fonçant au suicide à Waterloo ???

C'est cacastrophique. Et pis, à Waterloo, Napo a été surpris par le nombre d'une alliance gigantesque, pas juste parce qu'il est teubé, impression donnée tout le long du film. Et à Austerlitz : c'était pas un lac de ouf hein. C'était une marre. Où les soldats Russes avaient pieds. Ils sont morts de froid en étant trempés dans le vent glacial, pas spécialement de noyade, et ils étaient Russes, pas QUE Autrichiens (le film est flou là-dessus) !!!

Maintenant, sa relation avec son ange gardien (Joséphine, hum hum)... Mais non de Zeus qui a écrit ces p*tains de dialogues ??? Tout le film s'empâte dans des phrases molles, pleines de non-dits mais vides de sens, avec des scènes de sexe gênantes... Je suis pas fan de cul au ciné hein, mais alors en plus quand ça n'a AUCUNE conséquence scénaristique... Bah c'est juste la gênance hein, RIP les gardes qui assistent aux bruits de cochon de Napo sous la table avec Joséphine.

Revenons sur les dialogues. Napoléon est connu, oui pour avoir eu un accent de foufilou Corse (limite accent italien), mais aussi pour avoir été un génie de son temps. Là, c'est Timothéon, 12 ans, Redditeur à ses heures perdues, qui râle parce que sa copine veut pas faire crack-crack, qui chouine parce que sa môman lui manque, qui peste parce que "Snif, les autres dirigeants européens me respectent pas"... Les gars, le frérot il faisait peur à toute l'Europe, c'est pas pour rien que ses adversaires voulaient soit imiter ses tactiques, soit faire des alliances énormes entre eux tous contre notre drapeau bleu-blanc-rouge. Ici, je vois pas comment il fait peur. Mais alors pas du tout.

Au niveau émotionnel, pareil, on voit sa vie défiler mais il n'y a aucun enjeu, aucune profondeur, aucun attachement pour personne. On assiste juste aux scènes qui défilent sur l'écran, sans pour autant nous faire vibrer. Et puis nous ressortir avec la scène de la momie le coup du "il est petit" en sortant un marche-pieds... Mais scrogneugneu faut le redire combien de fois que le gars était de taille moyenne à son époque ? C'était pas un nain !!! D'ailleurs statistiquement parlant s'il s'était retrouvé face à une momie, il aurait très probablement été bien plus grand que le corps (pas le sarcophage qui est un objet, je parle du coupaing qui est enturbané). Donc Ridley, garde tes vannes américaines pour toi stp (et je parle en tant qu'américanophile (quel est le terme ?)).

Parlons des ellipses dans le temps et du rythme. Mais quelle calamité ! Et pourtant croyez-moi j'ai réussi à suivre The Witcher saison 1 sur Netflix, je sais de quoi je parle en termes d'ellipses dégueux ! Là, c'est naze. Y a des bonds de 5 ans en avant qui sont pas spécifiés, des titres apparaissent pour te faire passer à une autre étape de sa vie sans aucune transition un tant soit peu crédible... C'est vraiment avoir la flemme de faire se fondre les scènes entre elles, on dirait un puzzle dont on force les pièces à s'emboîter jusqu'à frôler la rupture... Et ne me sortez pas l'argument du "Ah mais le film est charcuté il manque 2 heures"... Il avait qu'à le sortir dans ses 4 heures alors !!! On y serait allé, nous, public consommateur, parce qu'on est trop bons trop cons ! Remarquez, c'est peut-être mieux ainsi, tant le temps semble long face au film de "seulement" 2h30.

Et roh la la, les fondus au blanc... Qui l'eut cru, Napoléon décède au moins 3 fois dans le film. Oui, car dans le monde du cinéma en général, un fondu au blanc c'est suite à un décès, pour annoncer une ascension au paradis, ou pour signifier la fin du film sur une conclusion heureuse (genre sourire, fondu au blanc, paf, la famille est aux îles caïmans devant un coucher de soleil). Ici, c'est pour passer de Naporonchon sur un bateau à Naporonchon en Egypte. Au bout de 30 minutes de film. Que..?

Bonus (de pinaillage, je le reconnais) pour les décors : évitez de laisser des pots de fleurs "so 2023" dans le champ svp, et de tenter de cacher ça avec la grosse tête de Joséphine en faisant champ/contre-champ... On l'a vu. On l'a vu ce truc de dingos pour un film de ce calibre. Tout comme les 15 000 tuyaux dans le navire à la fin, mettez-leur la wifi tant qu'on y est.

Enfin, un défaut mineur mais qui a son poids : les effets spéciaux. Les gars. C'est les USA, vous avez la thune, le flouze, la moula, et vous nous sortez ça ??? Les chevaux courent dans le vide. Littéralement. Les gros plans sont sublimes avec de véritables fiers destriers blancs la crinière au vent, et les plans larges offrent des canassons en 3D qui pattinent dans le vide. Mais oskour !

Les seuls vrais points positifs ? La musique, bien que classique, qui fait le taff. L'acting, pas mal dans l'ensemble, même s'il s'agit surtout de Joséphine et Napo vu que le reste n'est que figuration. Big-up à Kirby (l'actrice, pas le chewing-gum en 8-bits) pour son jeu, et bon, Joaquin tire juste la gueule mais on l'aime. Visuellement, oui y a des filtres, mais je trouve que ça vaaa, classico quoi. Et enfin, les costumes et drapeaux, sublimissimes, qui eux seuls respectent enfin dans les moindres détails les changements historiques du film. Merci le/la costumier.ère, tu es le vrai héros de ce film.

Finalement, Napoléon, ça se regarde. Napoléon, c'est sympatoche. Napoléon, ça passe. Mais aussi, Napoléon, ça fait mal, parce qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, il ne méritait pas d'être si mal écrit dans un film. 5/10, et franchement je sais même pas comment je fais pour être généreux comme ça. La bêtise, peut-être. La même que de donner un boulet de canon ensanglanté -provenant d'entrailles de cheval- à son frangin et de dire "pour môman". Au moins, Edith Piaf aura sû me ravir durant les 5 premières minutes du film. Ce doit être ça. Ah, ça ira, ça ira, ça ira...