Après avoir violé une femme dans une ruelle à Manchester, un homme pique une voiture et part se réfugier à Londres, où il va se réfugier chez son ex-petite amie, qui vit en colocation.


Le cinéma de Mike Leigh a souvent quelque chose de sombre, voire de désespéré, mais est-autant le cas que dans Naked ? Car là, comme son titre l'indique, c'est la nudité d'un homme, joué par le formidable David Thewlis, qu'on va explorer sur plus de deux heures, un homme pourri jusqu'à la moelle, dont on sait dès le départ qu'il va être irrécupérable moralement parlant, et qui s'accroche malgré tout à la vie, notamment par son ironie ainsi que par son cpôté détaché.

Malgré la morale très contestable de ce type, qui ressemble vraiment à un vagabond avec son apparence négligée, le film tient en quelque sorte haleine par la force de sa mise en scène, et par ce principe cher à Mike Leigh qui est que les acteurs et actrices se doivent d'improviser à partir d'un canevas. Ce qui donne lieu à des monologues souvent passionnants, particulièrement de la part de [la regrettée] Katrin Cartlidge, colocataire de Louise Sharp (la petite amie de Thewlis), une femme elle aussi perdue, qui semble s'offrir à n'importe qui, y compris à un pervers narcissique qui loge aussi avec elle et qui aime se balader en slip (très) moulant.


Peut-être que le film est un peu trop long, il dure plus de deux heures, mais il propose un portrait sans concessions d'une ordure totale, dont on pourrait lui donner un brin de compassion durant quelques instants, celui où il va se faire voler ses papiers puis se faire tabasser, mais il n'y a rien à faire, la rédemption n'est pas possible pour tout le monde, aussi bien par son geste initial, un viol qu'on voit dès le premier plan du film, jusqu'à la fin, où il va faire un dernier geste pathétique pour survivre encore et encore.


Disons que je ne conseillerais pas Naked à ceux ou celles qui veulent voir quelque chose de guilleret, car c'est d'un pessimisme sombre, mais le film vaut largement le coup par la puissance de son interprétation.

Boubakar
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le 6 févr. 2023

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