Monsieur moutarde, avec le chandelier, dans la buanderie

Ce film est un paradoxe. Un paradoxe simple mais qu'il n'est pas parvenu à surmonter: comment montrer de faux acteurs en utilisant de vrais acteurs qui doivent nous faire comprendre qu'ils jouent mal en le jouant bien?

Attention, spoilers partout.
Jeanne (Alice) est mandatée comme architecte pour refaire le manoir d'un vieil excentrique obsédé par les jeux de société.

Premier problème: elle n'a aucune raison de faire partie de la liste des suspects. Il aurait fallu qu'elle se trouve sa raison de jouer, non qu'on lui impose.
Deuxième problème: la dose de cheval. Tout dure trop longtemps. Le rythme du long métrage est parfaitement inadapté. La séquence du "La...?" est interminable! Pour rien en plus puisqu'on n'en reparlera plus jamais!
Troisième problème: c'est très mal joué! Alors oui c'est volontaire mais ça ne change rien! D'une part parce que le film fait lui-même des propositions alternatives qui fonctionnent bien mieux ("Maman" auquel répondent Salomé et Léna par exemple) mais aussi parce que certains sonnent faux même quand ils ne sont plus censés jouer pour de faux!
Quatrième problème: le réalisateur ne sait sans doute pas ce qu'est un jeu de société. Pourquoi on aime jouer. Ce qui peut nous motiver à passer de longues heures autour d'une table pour résoudre un mystère / gérer des ressources / incarner un rôle! Et soit dit en passant un escape room ça se joue, ça ne se filme pas. Pas comme ça. Pas en le mêlant avec une mauvaise séquence de fiction! Et puis merde un escape game c'est un équilibre délicat, pas une succession de codes trouvés au pif!
Cinquième problème: les personnages ne sont pas fouillés, ils sont survolés. On ignore leur histoire, alors forcément on se fiche de la scène des révélations! Révélations qui, vous m'excuserez, ne sont pas logiques... Jeanne est tombée éperduement amoureuse? Elle veut se venger? En reprenant la même idée? Elle est quand même guérie? En moins de 24h? Je trouve qu'un guet-apens pareil c'est plus une raison de passer 10 ans à parler de sa mère à un thérapiste qu'une source d'amélioration potentielle!

Dommage donc.
Reste un joli travail sur les costumes.
Un joli début de travail sur les décors (oui la couleur et les objets bizarres c'est chouette, reste qu'il faut qu'on puisse croire que des gens vivent vraiment là dedans).

Et n'oubliez pas: un retournement de situation inattendu ça se prépare, mais ça ne doit pas s'appuyer autant qu'un éléphant sur ses grosses patounes grises et poilues!