Je ne comprends pas le désamour général à propos de ce film! Je ne dis pas que c'est LA réussite de l'année, mais de là à l'envoyer tout droit aux enfers réservés aux plus vilains nanars... Non, mais sans rire c'est QUOI votre problème?

Bon, pour ne pas passer pour une fan ultrasubjective, je vais commencer par les points faibles du film.
Certes, on ne voit pas, ou peu, ce qui se passe autour de l'organisation. On nous parle de Wikileaks, du fondateur de Wikileaks, du premier collaborateur de Wikileaks, des premiers pas hésitants de Wikileaks et.. des révélations de Wikileaks. Oui, mais c'est l'idée de départ, non? Comme pour The Social Network -les 2 films étant souvent comparés dans les critiques que j'ai survolé avant de voir The Fifth Estate-, on s'attache avant tout à la genèse de ces petites "révolutions" (comme dirait le regretté Steve Jobs).
Bien, alors maintenant, critique suivante: le manque de subjectivité. Il est vrai que ce film présente au départ Assange comme un demi-dieu de l'informatique et qu'ensuite, peu à peu, l'on voit être révélées à l'écran ses tendances schyzophrènes. Je ne connais pas l'homme en question (quelle surprise!), alors je ne sais pas ce qu'il en est. Quoi qu'il en soit, il me semble que de toute façon, c'est là l'un des principes de base du biopic en particulier (et des films basés sur des histoires vraies en général!). Oui, on romance, on dramatise, on grossit les traits ou, au contraire, on rend beaux ceux qui ne le sont pas! Je ne dis pas que c'est toujours opportun mais c'est de toute évidence essentiel! Et, point positif en l'occurrence: les dernières minutes, durant lesquelles le réalisateur nous révèle, certes toujours par le truchement de la fiction, que son film n'a pas eu l'aval d'Assange. A priori, on n'est donc pas sur de la propagande!

Alors, oui, voilà, on peut reprocher toutes ces choses là au film. Mais, non, décidément, c'est une vision beaucoup trop simpliste des choses!
Par contre, en ce qui me concerne, je trouve que tous les reproches qu'on peut faire au film se rapportent au montage. Les plans en caméra épaules alors qu'il s'agit de plans d'ensemble, la bande-son qui, bien qu'elle soit en adéquation avec les images, n'est vraiment pas agréable, les raccords inexistants et surtout, surtout, l'omniprésence des titres de journaux et ces.. je ne sais même pas comment les qualifier.. "pseudo chapitres" qui apparaissent et disparaissent en faisant le bruit d'un écran de télévision cathodique en mal de fréquences à capter... Ca, je dois bien reconnaître que je ne vois pas bien l'intérêt.
D'un autre côté, l'avantage de ces défauts c'est que le rythme est très dynamique et le film sans temps morts. Ce qui, là encore, est assez paradoxale pour un film racontant l'histoire d'un homme. Mais là, j'ai envie de citer Hitchcock: "Le théâtre c'est la vie, ses moments d'ennui en moins". Non, non, je ne la ramène pas.

Bien, après cette première longue partie sur les défauts du film, passons à ses qualités.
Tout d'abord, le casting réunit une longue liste de noms d'acteur qui, a priori ne sont pas de vulgaires débutants. Certes, un bon casting ne fait pas un bon film mais c'est déjà un début. Quoiqu'il faille bien reconnaître qu'ici Cumberbatch livre une performance en deçà de ce dont il est capable.
Le film ne se perd pas dans des avalanches de détails inutiles. Il va droit au but pour nous faire comprendre comment, en à peine 6 mois, deux hommes aux ressources très limitées ont pu faire vaciller les plus hautes sphères.

Le plus intéressant à mon sens, c'est que finalement, le réalisateur nous explique que ce n'est pas Wikileaks l'important; mais bien les répercussions de la possibilité de l'existence d'une telle plateforme. Le danger reste que nous soyons tous manipulés -sans le savoir bien évidemment-, ce qui fait de toutes les informations que nous partageons à la fois des mines d'or et des mines antipersonnel.

Je pense très franchement que ce film est, tout d'abord, un aperçu intéressant (du moins il m'a donné envie d'aller voir plus loin) des événements que nous avons pu manquer, étant donné que les médias officiels étaient bien plus préoccupés par le besoin de relayer un bilan de l'état de santé de Johnny plutôt que de nous parler des menaces nationales-socialistes pesant sur certains gouvernements des pays de l'Est, et que c'est également une bonne motivation pour aller fouiner un peu au-delà des gros titres. Je ne dis pas que nous sommes tous des Assange en puissance (non seulement je ne le pense pas mais en plus je pense que ce serait carrément dangereux), mais je pense que le personnage de Nick Davies a raison: un cinquième pouvoir a émergé et il est à construire si on ne souhaite pas le voir être détourné à des fins moins défendables que l'information.
Diégétique
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le 14 janv. 2014

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