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Le trivial latent et permanent (au rythme des mollusques)

Ce film tchécoslovaque doit être apprécié au plus près de son contexte (géographique et culturel, en tenant compte de la fin imminente de l'URSS) pour qu'on en mesure la pertinence, qui pour autant n'est pas immense. Réalisé par le responsable de Trains étroitement surveillés (1966), il s'étale dans un village tchèque de Krecovice (dans la région de Bohême centrale entourant Prague) pour en montrer la vie courante, au moment où son coéquipier cherche à mettre à distance le retardé du coin.


Menzel n'ordonnera jamais de focus sur un type seul, sinon pour quelques séquences laconiques de gaudriole ou de contemplation du débile heureux sous son casque. Quelques favoris présentés au début dominent sans éclat une séance très éclatée. Le médecin Skruznik, en pleine déperdition, apporte un peu de souffle et un humour plus franc avec son (double-)accident absurde en fin de séance. À terme le petit gros et le grand handicapé sont voués à demeurer au-dessus de l'agitation qui les entourent ; la mollesse se dispute au folklore et arrive à saper même les démonstrations les plus triviales. L'innocence joyeuse est préférable à toutes formes d'emballements, semble nous dire ce film ; reste donc à apprécier les petites aberrations et s'écarter des grands dysfonctionnements.


Ce serait mentir au spectateur que de lui demander d'attendre longtemps : il n'en verra que des miettes bonnes à arracher un sourire aux enfants en phase de relâchement. La vie est un long chemin semé d'embrouilles, le communisme n'y a rien changé et la communauté est plus aimable quand une anarchie sans prédateurs ni gros mouvements y règne. Le film penche vers le burlesque mais en général (avec ces dégaines de clowns tristes ou malades) et sans couper à la tiédeur ambiante, plutôt que par son scénario, une rafale de gags ou un esprit adéquat. Une approche plus philosophe, type louanges doucereuses et repues du cycle de la vie, se diffuse par-dessus. Ceux qui aiment farfouiller les détails trouveront peut-être leur bonheur dans cette mise en scène, ceux qui évaluent ou apprécient un film en fonction de sa matière non-brute ou de sa dramatisation vont être perplexes.


https://zogarok.wordpress.com/2017/03/30/mon-cher-petit-village/

Créée

le 21 mars 2017

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