Mimicracra

Parfois un peu trop vite considéré comme le premier film de del Toro, Mimic est cependant le premier film américain du barbu mexicain. Associé à la mythique compagnie de production Dimension Films, cette expérience lui laissera pour autant un goût amer à cause de son manque de liberté et de nombreuses dissensions sur le tournage, il faillit même être viré...

Comme toute bonne histoire, elle commençait pourtant bien. On propose au talentueux jeune cinéaste d'adapter une vieille nouvelle horrifiquement SF de Donald A. Wollheim. Avec des gros insectes, de beaux monstres comme il les aime. Des bestioles génétiquement modifiées de deux mètres de haut, pas le genre dont on s'occupe à la tapette. Initialement crées pour se débarrasser de cafards propageant une terrible infection, elles ne devaient pas se reproduire. Alors quand des spécimens morts sont retrouvés là où ils ne devraient pas l’être, ceux qui l'ont crée, un couple puis d'autres futures victimes vont devoir plonger dans les charmants métros de New York.

S'il faut bien saluer au moins une chose dans ce film, ce sont ses décors. Ils semblent délaissés, abandonnés par les hommes : des refuges idéals pour de gros insectes. Quand tant de réalisateurs peinent à filmer les recoins du métro de NY, ceux de Mimic gardent leur étrangeté, à l’image de la station abandonnée où vont se retrouver les différents personnages. L'atmosphère est bien présente, et cela passe par une caméra et une direction de la photographie qui sait lui rendre honneur.

Mais l'impression générale est que Mimic est un film qui se veut trop sérieux, et qui n'y arrive pas. L'ambiance de ses décors est plus oppressante que la menace qu'ils affrontent. Certes, quelques bonnes idées s'y trouvent, comme leur pouvoir d'adaptation. Mais puisque on utilise des personnages scientifiques, dont une entomologiste, un plus grand soin aurait dû être fait sur leurs modes d'action, contradictoires selon les scènes. Le film donne parfois l'impression de ne pas savoir quoi en faire.

Quant aux personnages, ils sont caractérisés sans être développés. Certains semblent receler quelques pistes qui auraient pu ou qui auraient dû être développées, tels que l'envie d'enfants du jeune couple. Mais, soyons francs, le peu d'intérêt ressenti pour ces personnages provient aussi de leurs interprètes. Un joli casting, pour un film de série B +, avec quelques oscarisés dans le lot : Mira Sorvino, Jeremy Northam, Josh Brolin ou F. Murray Abraham. Et pourtant personne ou presque ne semble concerné. Tout semble récité sur le même ton, une journée de tournage après une autre journée de tournage.

Mimic a pour lui son cadre. Mais Guillermo del Toro, ou la société de production, a peiné à en faire un film marquant. En 2011, del Toro proposera une version Director's Cut, augmentée de quelques minutes permettant de creuser les personnages. Mais il avoua aussi qu'il ne pourra jamais tourner la fin qu'il voulait. Et parmi tout ce que manque le film, sa fin figure en bonne position, abrupte et bâclée. Il y a de bonnes idées dans Mimic, de temps en temps, mais elles sont noyées sous une chape gluante de mauvaises décisions.

Quitte à voir un film avec des cafards, préférez la sympathique comédie Joe's Apartment sortie l'année précédente. Ou la suite, qui assume sa direction de série B.