https://www.youtube.com/watch?v=vskbBZ1h6ls


J'étais en quatrième, plutôt chétif pour mon âge, quand un grand type large et peu délicat s'en est pris à mon petit frère. Ce type je le connaissais, nous traînions ensemble même parfois, et sans y avoir jamais pensé (pourquoi y penser ?) je le classais ce gras du bide aimablement, indubitablement, et inconsciemment, dans la catégorie de ceux nombreux en ce monde qui pourraient m'écraser sans trop y penser. Le fait est cela dit que lorsqu'il leva la main sur mon petit frère, je sautai au cou de l'agresseur sans y penser non plus, et trois secondes plus tard il était au sol avec dans ses yeux une surprise intense, qui m'emplit de surprise moi-même, un peu de fierté aussi, et qui me fit aussi un peu mal au cœur je dois l'avouer.


Autre occasion, ma mère menacée par un ami à elle, un adulte. Moi vers la quatrième toujours, mon petit frère plus jeune bien entendu. Moi pétrifié de peur, les yeux ouverts, et mon petit frère saute au cou de l'agresseur. Un regard de surprise sur le visage de l'agresseur encore, surpris peut-être par soi-même, plus que par l'enfant. L'agresseur, plutôt menaceur pour être exact, se freeze, ou se défrise, comme on dit, et remballe sa colère.


Dernière situation, Croatie, road trip entre copains. Tard le soir je suis avec mon binôme, un de mes meilleurs amis. Un homme fonce sur mon ami le poing levé, huis hommes suivent aux ambitions semble-t-il analogues, tous aussi menaçants en tout cas. Je ne saute au cou de personne, je ne me pétrifie pas. Je m'enfuis. Avant que je ne pense un minimum à ce que je devrais faire, je suis à cent mètres au loin, et je vois mon ami se faire rouer de coups. Autour de moi j'accoste pour de l'aide, aux hasards de la nuit, les rues sont presque vides, et on me dévisage. Les sollicités ne parlent semble-t-il pas l'anglais, je ne parle pas le croate moi (encore moins le serbo-croate), et peut-être ne suis-je pas crédible avec cette bouteille de vin rouge ouverte à la main, que dans la panique j'ai oublié d'oublier. Aujourd'hui, programmation neuronale, le souvenir marquant que j'en garde est celui de mon ami vaillant retourner le combat d'un grand geste circulaire puissant, il a bon dos, repoussant à lui seul huit personnes. Avant qu'elles ne lui retombent dessus et qu'il perde une deuxième fois, bien entendu... (spoiler: je vous rassure aujourd'hui il va bien, il a le cœur en fleur et répare les gens... désolé d'avoir mis un suspense)


Je suis à la première demi-heure de ce film et je pense à tout cela. Je sais qu'il n'y a presque pas de courage à la manière cinématographique de rentrer dans le lard de quatre personnes une chaîne de vélo à la main, pour mon frère ou pour ma sœur je pourrais probablement me jeter comme lui dans les bras d'un tigre. Et la raison n'est peut-être pas si romantique qu'on ne le croit : je crois… que l'on, mes frères et sœurs et moi, s'est tellement battu quand nous étions jeunes que nous savons à quel point nous sommes mauvais à ce jeu. Et nous battant tous les trois parfois trop loin, les uns les autres, parfois même en équipe, deux contre un… si nous sommes de chairs communes c'est bien pour qu'une empathie édifiante ait finit par nous parcourir dans ces moments.


En nous battant des années durant nous nous sommes connectés comme pas possible, de la même manière que nous avons appris à craindre la violence. Si bien qu'elle n'existe pour nous plus qu'entre nous, quand l'on s'attaque et quand l'on se défend, les uns les autres, le besoin se fait rare cela dit. Aussi rare qu'il ne l'a toujours été.


Le reste du temps on se pétrifie, ou l'on fuit.


Depuis, et depuis quelques autres événements, nous apprenons à le faire vaillamment cela dit. Nous avons l'art de fuir, et de nous pétrifier, solide sur nos appuis, le regard en avant ça tord le cou, et ça paye parfois. On avance comme ça, on rigole et on se met des petites claques, entre pacifistes.


*You are my sister, we were born
So innocent, so full of need
There were times we were friends but times I was so cruel
Each night I'd ask for you to watch me as I sleep
I was so afraid of the night
You seemed to move through the places that I feared
You lived inside my world so softly
Protected only by the kindness of your nature


You are my sister
And I love you
May all of your dreams come true
We felt so differently then
So similar over the years
The way we laugh the way we experience pain
So many memories
But theres nothing left to gain from remembering
Faces and worlds that no one else will ever know


You are my sister
And I love you
May all of your dreams come true
I want this for you
They're gonna come true (gonna come true)*


https://www.youtube.com/watch?v=BL6WfHJ32Kc

Vernon79
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le 26 avr. 2018

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