Memories est un projet dirigé par Katsuhiro Ôtomo et qui regroupe trois courts-métrages dont un dirigé par le papa d'Akira, Cannon Fodder. Les deux autres réalisateurs de ce projet sont Kôji Morimoto (Magnetic Rose) et Tensai Okamura (Stink Bomb).
Ce sont trois films aux histoires bien distinctes, le premier nous emmène dans un futur où l'homme semble avoir "apprivoisé" l'espace. De nombreux hommes y travaillent dont des nettoyeurs de débris découvre une station spatiale où une intelligence artificielle y semble tourmentée.
Le second est celle d'un scientifique qui prend une pilule qu'il pense être un médicament pour soigner son rhume. Il s'agit d'une arme de destruction massive où les effets vont faire se ressentir pour tous ceux qui approchent le bonhomme mais lui n'en subira aucune conséquence.
Le troisième, enfin, est celle d'une famille d'un étrange pays en guerre où l'obsession est la fabrication et l'utilisation de canons.
Memories est donc un projet assez disparate de prime abord mais où le thème du souvenir y est en fait exploré sous des formes quelque peu différentes. C'est un projet philosophique, aux accents métaphysiques selon le court-métrage. Le film est beau, parfois très poétique dans son ensemble. Le premier court est le plus réussi avec des thèmes comme la mémoire, l'empreinte qu'on laisse après notre mort, le refus de disparaitre qui y sont abordés. Le film vise large dans son sujet et space-opéra est franchement très réussi.
Pour le second court, il y a une espèce de second-degré permanent avec cette histoire du scientifique qui ne comprend pas que le danger, c'est lui. Malheureusement, c'est un peu longuet mais on peut y voir la destruction d'un Japon par ce bonhomme. J'y ai vu une forme d'allégorie de la bombe atomique.
Enfin, le troisième est peut-être le plus étrange mais est très réussi également. On y voir la bêtise humaine qui se bat sans ne plus trop savoir pourquoi. Il y a un esprit très 1ère Guerre mondiale avec ces canons énormes. Mais il y a surtout une humanité manipulée, où l'homme n'est qu'un rouage pour le canon, pour une entité supérieure que l'on ne voit pas. L'individu en tant que tel ne peut exister et s'épanouir dans un tel monde. Là aussi, au moment de la sortie du film, on peut penser que Ôtomo évoque un passé assez récent.
L'ensemble tient en tout cas véritablement la route et reste un animé très profond et aux dessins réussis (en tout cas qui me parlent).