La technologie sans le social

Du film de SF français qui science-fictionne !! À travers deux détectives indépendants, une humaine et un robot avec la conscience d’un humain mort il y a quelques années implantées dedans, nous suivons les déboires d’une société qui aurait muté technologiquement, mais sans les avancées sociales qui auraient pu suivre

Le propos du film est en ce sens assez riche :

- Des robots souhaitant se faire « déplombés » (obtenir leur libre-arbitre, chose qu’ils n’ont pas, car étant restreint dans leurs mouvements par rapport aux humains)

- Une société divisée entre les « émancipateurs » et ceux souhaitant maintenir le statu-quo en remettant en question la capacité de conscience des robots.

Les oppressions et systèmes de domination qui se déplacent :

- Pauvreté : les franges de la population les plus pauvres habitent en masse dans les premiers tunnels construits par les colons de Mars, chose étonnante quand le taux de productivité sûrement très élevé devrait suffire à assurer une subsistance et un logement à tous ;

- Misogynie et sexisme : des hommes préférant relationner amoureusement avec des femmes-robot pour s’assurer que leurs désirs ne seront pas contestés, mise en place de prostituées-robots ;

- Capitalisme vorace : société dirigée par une caste techno-capitaliste, cas d’une étudiante dédoublant son âme dans un autre robot pour pouvoir le faire travailler, car elle n’arrive plus à payer les frais de scolarité de son université, homme puissant missionnant des mercenaires pour tuer une femme parce qu'ayant découvert une technologie protégée par erreur qui entraverait un plan futur en lien avec l’émancipation des robots.

- Questionnements identitaires : comment un homme mort dont la conscience est réincarnée dans une enveloppe robotique doit-il penser sa vie par rapport à son passé ?

Et j’oublie sûrement des choses, mais on sent que le scénario a été mûrement réfléchi, ce qui se ressent aussi dans l’univers du film, où chaque élément a été pensé pour s’insérer dans cette société technologique : des pratiques quotidiennes jusqu’aux activités sociales où même notre rapport à la biologie

Au niveau formel, c’est aussi une énorme réussite : on est très souvent ébloui par des plans magnifiques de toutes les couleurs et happé par le large panel de plans de caméra utilisés : à la première personne, au-dessus de l’épaule, et autres trucs que je ne saurais pas nommer mdr

Les seuls défauts que je pourrais reprocher au film serait que le personnage d’Aline n’a pas été assez épaissi, même si on devine les causes de son alcoolisme et son sentiment de solitude, elle est beaucoup moins développée à mon sens que son pote Carlos Rivera. J’aurais aimé un plus gros focus sur les différents camps du film aussi, avec un plus gros approfondissement notamment sur les arguments des émancipateurs ainsi que leurs adversaires (même si on en a quelques-uns brièvement). J’aurais accepté des dizaines de minutes en plus, voire une heure de film sans problème !! J'oublie, mais les doublages du film étaient vraiment excellents aussi, bref le film était trop bien