Je suis rentrée dans la salle avec des attentes et un a-priori positif - Christopher Nolan au générique, des teasers qui donnent envie...
Premières scènes : la caméra atteinte par la maladie de Parkinson, Russel Crowe qui joue comme une patate (on lui a dit : "tu nous refais Maximus", sauf que dans ce contexte il croit beaucoup moins à son rôle et nous aussi), les zooms à répétition parce que "regardez comme elle est jolie notre synthèse !" (oui oui, c'est joli, bon on passe à autre chose ?), des dialogues un peu plats, l'entrée d'un méchant et sa bande qui fait un peu pitié...
Ca commençait mal.
Mais le pire, c'est que les deux heures suivantes n'ont pas sauvé la mise.
Incohérences, attitudes et répliques des personnages proches de la débilité (je pourrais en citer toute une liste, Loïs et les pas-gentils battant tous les records), stupidité du scénario ("Fuck, la clé USB façon Krypton elle rentre pas ! on va tous mourir !"), longueurs (le film m'a semblé interminable. En même temps le gros boss voulait un duel avec Superman, alors il a fallu patienter pour qu'ils se décident). Même les images de synthèse, à l'exception des premières scènes kryptoniennes, ne sont pas folichonnes (les séquences de vol sont totalement loupées).
Point positif : la salle (moi comprise) s'est marrée.
Et là, le générique de fin se lance, je percute : réalisé par Zack Snyder.
Ah. tripplezut.
J'avais oublié.
Notez que ça ne m'arrive pas souvent, d'oublier le nom du réalisateur quand je vais voir un film. Je pense que mon inconscient a voulu me faire une fleur, histoire que je regarde ce nouveau Superman avec un œil neuf, sans crainte, sans idée négative qui pourrait parasiter mon jugement.
Parce que Zack Snyder, quand je regarde un peu sa filmographie, je m'aperçois que je ne suis pas fan de son travail. 300 : esthétiquement impeccable, mais ça s'arrête là. Watchmen : vague souvenir d'un ennui, sans doute à revoir. Sucker Punch : euh... scénar' à mettre aux chiottes, mais visuellement très réussi si on aime les pots pourris vidéoludiques sans queue ni tête.
Alors la question suivante se pose : Est-il possible que je ne puisse pas apprécier ce Man of Steel parce que je n'accroche pas au style Snyder ?
Peut-être.
Si on admet qu'une incapacité à mettre en scène de façon correcte, à poser une narration équilibrée (c'est à dire, qui n'oscille pas sans cesse entre le sérieux et le ridicule affligeant, ce qui perd le spectateur et le fait rire jaune), à dépeindre des relations interpersonnelles crédibles (c'est bon, tout le monde mouille sa culotte devant le monsieur, c'est même pas dissimulé et ça en devient complètement absurde - mais j'avais souvenir que dans Watchmen, y avait le même souci), à faire preuve de subtilité (la règle "montrer mais ne pas dire" lui a manifestement échappé)...
Si on admet que tout cela n'est rien qu'une question de style, alors OUI, je n'accroche pas du tout, mais alors PAS DU TOUT au style Snyder.
Mais je ne lui ferai pas l'affront de croire que c'est dû à cela. Non, je vais me dire qu'il fera mieux les prochaines fois. Je suis quelqu'un remplie d'espoir cinématographique.
(PS : je tiens à remercier la personne dans la salle qui, à la réplique d'une Loïs toute excitée : "What does S mean...?" a répondu un très pertinent et chuchotant "Sex". Mon éclat de rire était sincère, et ce fut un moment très agréable de cette séance, à défaut d'avoir pu regarder un film potable...)
