Il était une fois un jeune cinéaste, George Miller, qui voulait réaliser un long-métrage sur un futur sentant la destruction et l’horreur : Mad Max. Sans le savoir, il allait donner naissance à l’un des plus grands succès de l’histoire, et à une saga d’anthologie.


L’ordre et la justice ne sont plus que des notions lointaines dans des contrées arides où ne règne aucune loi, quelque peu représentée par des policiers désorganisés et, pour beaucoup, peu impliqués dans leur métier. A l’issue du choc pétrolier de 1973, George Miller montre un monde profondément affecté par une crise où les individus subsistent comme ils peuvent, vivant de manière sommaire, pendant que des bandits arpentent les routes en quête d’essence ou, simplement, de violence, faute d’autre occupation. Toute la première partie du film fera office d’exposition, entre les policier désœuvrés, la route à perte de vue, la sensation de vitesse, et la mise en lumière de ces « figures de la route », que sont ici Max et le Nightrider. Le premier est dévoilé de manière progressive, d’abord de dos, puis en filmant seulement ses pieds, créant un suspense autour de ce personnage ici directement transformé en icône et représenté comme étant le dernier rempart contre la barbarie.


Le Nightrider, lui, est le symbole de ces nouveau bandits, qui volent les voitures et sillonnent la route à toute vitesse pour exprimer leur rage et se construire une image, dans ce qui s’apparente, pour le spectateur, à une véritable folie meurtrière. Avec ce retour aux origines, ces décors arides et cette construction de figures mémorables et symboliques, Mad Max se présente comme un véritable western pré-apocalyptique. Le film reprend en effet de nombreux codes du genre, y compris dans sa gestion du rythme et de la tension, tout en étant plus « pré » que post-apocalyptique, se déroulant dans un monde encore proche du nôtre, loin de l’aridité totale des suivants.


Ici, c’est tout le monde de Max qui s’écroule, dans l’illustration d’une terrible et inéluctable descente aux Enfers, dans un monde sans espoir. Le scénario est simple, comme le film en général, mais tout cela témoigne d’une débrouillardise qui plaît et donne, si l’on ose le dire, un charme particulier au film. Ce côté quelque peu improvisé, fait avec les moyens du bord, lui permet de s’affranchir des codes des grosses productions pour créer son propre univers et son propre langage. Bien sûr, le revers de la médaille inclut aussi des défauts comme une musique trop présente et d’autres incombant à une modeste production comme celle-ci. C’est ce qui fait de ce Mad Max, en quelque sorte, le prologue de ce qui adviendra par la suite.


Dans ce premier film naît la légende Mad Max, portée par un tout jeune Mel Gibson, face à un Hugh Keays-Byrne déjanté qui reprendra du service près de quarante ans plus tard dans Fury Road. Tout suinte la misère, le désespoir et la violence, et si la maestria du prochain opus n’est peut-être pas encore atteinte, c’est ici que tout commence, et que s’ouvre la porte vers un univers remarquable.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art
Critique écrite en 2014 et réécrite en 2020

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le 18 sept. 2014

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