Toy Boy.

Cas unique de long-métrage traditionnel ayant écopé d'un classement X tout en raflant l'Oscar du meilleur film, "Macadam Cowboy" est une adaptation du livre de James Leo Herlihy, transposé à l'écran par John Schlesinger après l'échec de "Loin de la foule déchaînée".

Collant aux basques d'un naïf cowboy d'opérette téléporté dans le grand bain du New York de la fin des 60's, "Macadam Cowboy" brosse le portrait peu reluisant de la société de l'époque, et surtout d'une Amérique névrosée à la sexualité refoulée et déviante, engloutissant corps et âmes les moins préparés.

Sabotage en règle des figures mythiques de l'Amérique, de ses bouseux comme de ses aristocrates, de son puritanisme comme de sa toute puissance autoproclamée, "Macadam Cowboy" est avant tout le chemin de croix émouvant de deux âmes paumées au beau milieu de toute cette hystérie ambiante, de cette décadence new age, tentant coûte que coûte de s'en sortir sans trop de casse.

Schlesinger, en grand directeur d'acteur, offre un de leurs plus beaux rôles à Jon Voight et Dustin Hoffman, le premier, à la fois tête à claque et désarmant de naïveté, campant un gigolo programmé dès son plus jeune âge à offrir du plaisir, qu'il soit féminin ou masculin. Le second, alors connu pour avoir joué jusque-là des personnages propres sur eux, incarne parfaitement l'outsider, le laissé pour compte, le rat des villes dont personne ne veut, dans un mélange sidérant d'émotion et de révulsion.

Totalement avant-gardiste et incroyablement sulfureux pour l'époque, "Macadam Cowboy" est une pièce maîtresse du Nouvel Hollywood apparu un peu avant, une merveille de mise en scène et d'interprétation, où, par la grâce d'un montage remarquable d'inventivité, les images, inoubliables, ont cent fois plus de puissance que les mots, illustrant avec force le passé trouble et les démons de ses personnages. Grandiose.