Présenté à Cannes comme un téléfilm (les distributeurs américain ayant semble-t-il eu peur de sortir le film en salle) mais aussi comme le dernier long-métrage de la carrière de Steven Soderbergh, Behind the Candelara a de quoi intriguer. C'est en salle que l'on peut le découvrir chez nous et constater si oui ou non, Soderbergh a réussi son pari de raconter une courte tranche de la vie de l'homme qui fut l'artiste le mieux payé du monde à son époque.

On suit donc Scott Thurson (Matt Damon) durant toute la durée de sa relation d'amant avec Lee ou "Liberace" (Michael Douglas). Wladziu Valentino Liberace était donc un pianiste extrêmement connu et adepte d'une imagerie très kitsch à base de paillettes et de chandelier, le fameux candélabre. Un personnage donc assez singulier qui passera sa vie à cacher son homosexualité pour ne pas mettre à mal sa carrière. Dans le rôle titre, on retrouve donc un Michael Douglas vraiment très bon qui se fond particulièrement bien dans son personnage. Matt Damon lui aussi à contre emploi s'en sort très bien en éphèbe un peu dépassé mais fasciné par son compagnon au point d'accepter certaines excentricités assez incroyables. On croise aussi Rob Lowe en chirurgien esthétique au visage fascinant il faut le dire, bien loin de son rôle de Parks and Recreation, et aussi Dan Aykroyd, absolument méconnaissable en manager.

Soderbergh a traîné ce projet pendant longtemps avant de finalement commencer la production, lui qui reconnait être un admirateur du pianiste. Cependant, on sent que le lauréat de la Palme d''or en 89 n'a pas voulu épargner l'homme et ses excès, tout en ne jugeant pas vraiment ses actions. On le voit passer par de multiples états et rien n'est passé sous silence mais montré simplement, ce qui permet de ne pas tomber dans le fan service ou la critique facile. Pour le spectateur, il est assez fascinant d'être tour à tour vraiment respectueux face au talent de pianiste de Liberace (il est d'ailleurs assez drôle de noter le trucage assez visible du visage de Douglas incrusté sur sa doublure piano) et sidéré par son utilisation de la chirurgie esthétique notamment. Si dans les faits, le personnage principal du film est Scott, il n'est là que pour mieux nous permettre de cerner la personnalité de Lee. D'ailleur, le film est adapté des mémoires du personnage de Matt Damon mais qui finalement ne se défend pas tant que ça et qui lui aussi expose ses failles. Difficile d'aller plus loin dans l'explication sans avoir à dévoiler l'intrigue, il suffira donc de dire que les deux protagonistes sont dépeints sans concessions, mais aussi sans cynisme. La fin est d'ailleurs vraiment réussi et plutôt émouvante, avec une scène entre Michael Douglas et Matt Damon poignante.

Pour ce qui est de la mise en scène, c'est sobre et elle sert le propos parfaitement, sans fioritures. Steven fait le boulot et n'en rajoute pas des caisses donc ce qui est plutôt un bon point. Malheureusement, par rapport à d'autres biopic (je pense à Man on th Moon ou Ed Wood qui aussi suivent des artistes un peu en décalage) on est un gros cran en dessous, même si on prendra en compte le fait que ce n'est pas toute sa vie qui nous est raconté. On est clairement pas en face du film de l'année (The Master, pour rappel, en attendant Gravity) mais un film tout à fait regardable et porté par deux acteurs qui font le boulot, sur une personnalité assez méconnu de notre côté de l'Atlantique. Par contre, il faut préciser que ce film n'a pas le label "Manif pour Tous" choisissez bien donc bien les personnes avec qui le voir.
Manny
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le 20 sept. 2013

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