Michael Douglas brille de mille feux dans cette adaptation pêchue du livre biographique de Scott Thorson. Un film un peu simple mais porté par la performance mémorable de ses deux acteurs principaux.

Éconduit par les studios Hollywoodiens jugeant le script “trop gay”, Steven Soderbergh se tourne vers la chaîne HBO pour produire Behind the Candelabra (Ma vie avec Liberace) sous forme de téléfilm. C’est donc une belle revanche pour lui de présenter le dernier film de sa carrière en compétition au 66ème Festival de Cannes.

C’est son casting qui fera parler de ce film avant tout, avec en première ligne, un Michael Douglas étincelant dans le rôle du pianiste excentrique, capricieux et terriblement gay. Matt Damon excelle, dans un des meilleurs rôles de sa carrière, bien que l’on regrette de ne voir un acteur plus jeune jouer le rôle de Scott Thorson, amant de Liberace dès ses 17 ans. L’on retiendra également une performance hilarante de Rob Lowe en chirurgien esthétique complètement ahuri.

Derrière ses paillettes et son humour léger, Ma vie avec Liberace sait refléter le malaise relatif à l’aventure presque sordide entre “Lee” et son jeune protégé, traitant notamment de leurs 39 ans de différence d’âge et des controverses en découlant. Le style de vie des deux hommes n’est pas épargné, impliquant alcool, drogue et les nombreuses extravagances liées au caractère narcissique de Liberace et son emprise sur le jeune homme. Le malaise est total lorsque Scott en vient à modifier radicalement son apparence, au détriment de sa santé, pour plaire à son amant.

Le reproche que l’on pourrait lui faire est une certaine vacuité, probablement issue de l’exercice difficile d’adaptation d’une biographie – impossible d’ajouter des éléments de scénario corsant le tout. L’ensemble est donc prévisible, et un peu long, ce qui ne l’empêche pas de nous divertir du début à la fin. Les décors et costumes sont d’ailleurs un délice pour les yeux, malgré le budget limité auquel Soderbergh a probablement dû se soustraire. Par ailleurs, le réalisateur parvient tout de même à mettre en exergue l’évolution des mœurs vis-à-vis de l’homosexualité : à l’époque, Liberace n’admit jamais être gay, et gagnait tous les procès en diffamation sur la question.

Que Ma vie avec Liberace soit en compétition au Festival de Cannes est difficilement justifiable autrement que par une volonté de rattraper le rejet Hollywoodien, mais le refus de le sortir en salles aux Etats-Unis demeure un mystère. Et ici, on espère une palme d’interprétation masculine pour Michael Douglas.
Filmosaure
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vus au cinéma en 2013

Créée

le 21 mai 2013

Critique lue 1.1K fois

16 j'aime

2 commentaires

Filmosaure

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

16
2

D'autres avis sur Ma vie avec Liberace

Ma vie avec Liberace
PatrickBraganti
8

So terrific

La gloire du pianiste Liberace, qui fut, parait-il, énorme aux États-Unis, n’a jamais atteint l’Europe. Pour la majorité des spectateurs, il s’agira d’abord d’une découverte, celle d’un artiste adulé...

le 24 sept. 2013

20 j'aime

1

Ma vie avec Liberace
Filmosaure
7

Critique de Ma vie avec Liberace par Filmosaure

Michael Douglas brille de mille feux dans cette adaptation pêchue du livre biographique de Scott Thorson. Un film un peu simple mais porté par la performance mémorable de ses deux acteurs...

le 21 mai 2013

16 j'aime

2

Ma vie avec Liberace
Lucie_L
7

"Too much of a good thing is wonderful"

C’est une histoire écrite mille fois, et qui finit inévitablement mal, celle d’un gigolo comme un autre qui s’attache à la star gay hollywoodienne qui l’entretient. Mais Soderbergh, lui-même fan de...

le 20 juin 2014

13 j'aime

3

Du même critique

Boule & Bill
Filmosaure
1

Boule débile

Que ceux qui déclaraient d’emblée, sans même avoir vu le film, que l’on massacrait leur enfance à la scie sauteuse, se rassurent : ils avaient raison. Nous passerons outre le débat sur la médiocrité...

le 1 mars 2013

111 j'aime

51

Only God Forgives
Filmosaure
5

Critique de Only God Forgives par Filmosaure

Comme pour dissiper une confusion existant depuis le succès de Drive auprès du grand public, Nicolas Winding Refn revient avec Only God Forgives, un exercice hautement stylistique qui relève plus du...

le 22 mai 2013

86 j'aime

13

L'Odyssée de Pi
Filmosaure
9

Prière cinématographique

Ang Lee nous a montré au cours d’une filmographie hétérogène qu’il était capable du meilleur comme, si ce n’est du pire, tout au moins du médiocre (oui toi Hulk, je te regarde). L’on tend à retenir...

le 4 déc. 2012

74 j'aime

10