Ça y est l’étape est franchie, Xavier entre dans la cours des grands et se voit confronté à la redoutable machinerie hollywoodienne. De son propre aveux, les étapes pour faire le film n’ont pas atteint ses espérances et il a du se confronter à beaucoup de questions quand à sa vision du film. Pour autant il ne renie pas Ma vie avec John. F Donovan, ce film est certes différent mais est une étape importante pour le réalisateur.
Adoubé depuis Mommy, les fans de la première heure sont aux aguets à chaque sortie mais Xavier Dolan est tellement sincère qu’on lui accorde volontiers ses incartades quand on a pas aimé un de ses films.
Au départ on est un peu perturbé, le sujet du film n’ayant clairement aucun attrait, si on considère que le film met en lumière le star system et la relation d’un jeune acteur, qui monte, avec un enfant qui rêve de devenir acteur. Pourtant c’est l’occasion pour Dolan de raconter des éléments de sa propre vie tout en y incluant des thèmes qui lui sont chers.
La mise en scène est d’ailleurs assez déroutante, on cherche ce qui faisait le sel du réalisateur sans parvenir à entrer dans cette intro un peu bancale, et je comprends mieux les dires du réalisateur quand à son entrée dans la machine bien huilée du cinéma américain, avec ses exigences et son calibrage. Mais fort heureusement le réalisateur reprend peu à peu sa place, non pas par sa mise en scène fantasque et visuelle dont on avait l’habitude mais plus par ses personnages et ce qu’ils racontent.
L’homosexualité au cœur d’un système hollywoodien qui se veut tolérant, alors qu’il reste très réfractaire aux frasques de certains de ses acteurs ; l’Amérique très puritaine refait alors surface et juge à tout va, même si le propos est parfois trop appuyé. Dolan parvient à arrondir les angles en dénonçant une certaine hypocrisie du système.
La relation de l’enfant avec son acteur préféré est surtout un prétexte pour mettre en parallèle deux relations mère-fils, autant fusionnelles que compliquées. Et c’est là qu’on retrouve tout le cinéma de Dolan. Alors que Nathalie Baye offrait une copie conforme de Anne Dorval, maladroite ; Susan Sarandon et Natalie Portman semblent offrir un visage plus en nuance de la personnalité qu’affectionne Dolan sur le personnage de mère qu’il aime tant écrire. Il est d’ailleurs toujours aussi talentueux dans sa mise en scène de l’émotion, jouant habilement avec des musiques populaires pour mieux cueillir l’émotion d’une scène, la dimension clipesque assumée offrant des moments aux bord des larmes.
Du coup, si on adhère pas au film au départ, celui-ci parvient à nous cueillir là où on ne l’attendait pas. Certes l’image semble plus calibrée, la mise en scène semble moins audacieuse que dans ses premiers films mais le propos vaut le coup d’offrir une vision plus sage pour mieux l’appuyer. Le film n’est pas parfait mais sait retrouver la marque de fabrique de Xavier Dolan, un film assurément personnel, qui parvient à transmettre l’émotion malgré la grosse production américaine.

LuluCiné
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le 20 mars 2019

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LuluCiné

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