La peinture faite de la guerre relève moins, dans M.A.S.H., de la satire mordante que de la farce lourdingue : le mauvais esprit de la bande d’amis, qui passe son temps à reluquer la gent féminine ou à se taper dessus lors d’un match de rugby au demeurant très bien mis en scène, n’est pas sans rappeler la gauloiserie de certaines productions fauchées comme Les bidasses s’en vont en guerre (Claude Zidi, 1974) pour le meilleur ou à Arrête ton char... bidasse ! (Michel Gérard, 1977) pour le pire. Le décalage entre l’attitude décomplexée et distante des chirurgiens et les enjeux vitaux qu’ils manipulent fonctionne un temps, Robert Altman tenant là une image assez forte de cette boucherie ludique et impersonnelle qu’est la guerre, au cours de laquelle des corps sans nom défilent sur le billard. Les personnages revendiquent d’ailleurs leur statut de comédiens lancés dans l’interprétation de rôles ; ils bénéficient d’acteurs convaincants dont certains doivent leur carrière à ce long métrage, en particulier Donald Sutherland. Pour autant, le film reste limité à un burlesque balourd qui n’offre pas une réflexion particulièrement poussée sur la vie militaire et sa représentation au cinéma. Une pochade quelque peu surestimée, puisque lauréate de la Palme d’or et d’un oscar.