Bien davantage qu'un documentaire, cette berceuse pour son père est l'occasion pour Amos Gitaï de revenir sur l'histoire d'une vie, destin contrarié d'un jeune juif épris de modernité, contraint à l'exil par le nazisme. Promenade mélancolique et lente parsemée de trouées musicales incitant à la rêverie, le film revient sur l'avant-gardisme du Bauhaus et repose les bases de l'architecture moderne.

Les témoignages sur l'enseignement de Gropius ou kandinski ou la lecture d'un texte de Mies van der Rohe, nous rappellent tout ce que l'on doit à ceux qui inscrivaient l'architecture dans une démarche globale et humaniste. À l'opposé des doctrines nazies et de tous les obscurantismes, le Mouvement Moderne demeure l'une des plus grandes avancées du XXe siècle.

Des lettres lues par Jeanne Moreau et Hanna Schygulla nous replongent dans la noirceur des années 30, le climat de peur qui rend "les hommes mauvais", le tout résonnant de manière inquiétante avec l'époque actuelle. C'est la haine de l'autre, la haine du progrès, la haine de la différence, qui ont poussé Munio Weinraub Gitaï à quitter l'Allemagne pour la Palestine, future Israël, où il exerça la profession d'architecte.
pierreAfeu
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le 15 déc. 2013

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