Les œuvres et la vie du génial artiste-peintre Goya ne sont qu’un prétexte pour raconter le portrait d’un homme aussi brillant et cultivé que modeste et attachant : Jean-Claude Carrière.

L’œuvre de Francisco de Goya est au moins aussi immense que son influence sur le cours de l’histoire de l’art. À cheval entre les Lumières et le mouvement romantique, le peintre espagnol a laissé une œuvre somptueuse, protéiforme, riche et mystérieuse dans laquelle il fait bon se replonger. Pour ce faire, le documentariste José Luis Lopez-Linares convoque un guide prestigieux : l’immense écrivain et scénariste Jean-Claude Carrière, pour une touchante intervention posthume.


Ce conteur hors-pair, nous offre une éclairante visite de galerie au gré des différentes périodes de l’artiste peintre. L’homme connaît le sujet, il lui avait même dédié un film avec Miloš Forman en 2006 : Les Fantômes de Goya. Le voyage est riche en anecdotes, analyses et réflexions pertinentes. Bien plus qu’une simple biographie de l’artiste peintre, le film élargit sa perspective pour tisser des liens avec son héritage, de Picasso au réalisateur Luis Buñuel et donc Carrière lui-même. En effet, ce dernier a scénarisé pas moins de six films pour le réalisateur surréaliste espagnol. C’est bien plus qu’une complicité qui se développa entre les deux hommes et Carrière garda à jamais une admiration pour ce metteur en scène qu’il considérait comme un maître. La filiation devient limpide et c’est donc bien le portrait de Carrière que le film parvient à dessiner en filigrane de celui de Goya. C’est là tout l’intérêt de cette Ombre de Goya et ce qui la distingue d’un documentaire de télévision.


Dès lors, on sent le film moins à l’aise lorsqu’il se tourne vers d’autres intervenants (il y en a une douzaine au total). Parmi eux, on retrouve entre autres le peintre et réalisateur Julian Schnabel ou l’astrophysicien Michel Cassé qui ne savent pas s’il faut parler de Goya ou de Carrière, cassant la fluidité du dispositif. Leurs hommages appuyés au brillant homme de lettre sabotent quelque peu l’habile transformation de Goya et ses œuvres en vertigineux miroir de ceux qui les scrutent.


el_blasio
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le 28 oct. 2022

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