! Un peu de S(POILS) ici où là !


Dès les premier plans, il apparait que Wolverine a perdu de sa vista. Visage creusé, cheveux grisonnants, démarche chaotique, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Ses rouflaquettes si caractéristiques ont disparu sous une barbe hirsute et ses griffes ne sortent qu' à contre cœur et seulement pour protéger ce qui lui sert de toit et de gagne-pain : son taxi. Le superhéros rebelle est devenu un vieux SDF matérialiste. C'est le premier constat : nous sommes en 2029 et les héros sont fatigués, les X-men à présent old-men n'aspirent qu'à une chose, une retraite incognito sur un bateau au milieu de l'océan.
Les méchants pour leur part ne manquent pas de vitalité. Labos scientifiques et forces para-militaires s'acoquinent autour d'un projet vieux comme le monde : fabriquer la machine à tuer parfaite, un soldat aussi insensible qu’obéissant, mi-clone mi robot. Mais, surprises de la génétique oblige, la brute de service ressemble comme un frère à Logan. Un double plus sombre, plus jeune, et plus impitoyable.


C'est une des bonnes idées du film, du Wolverine héros au Wolverine machine, du tueur pour le bien au tueur pour un rien, il n'y a finalement qu'un pas, l'un n'étant que le reflet inversé de l'autre. Mais loin d'être une ultime confrontation des faux frères, ce duel de clones permet à Logan de prendre conscience de l'inanité d'une justice qui passe par la mort de l'autre : "tuer des bons ou tuer des méchants cela revient au même" dit-il à Laure. Quant à la jeunesse justement, représentée ici par les mutants de laboratoire, elle se détourne spontanément de la violence. Ses espoirs, loin du rêve américain, se tournent au contraire vers d'autres horizons et la fuite du petit groupe en direction de la frontière canadienne n'est pas sans avoir des échos avec l'actualité très trumpienne du moment.


Car le film éreinte ici ou là les mythes de la vieille société US. Ainsi, le seul moment de sérénité que savourent nos fuyards sont ces quelques heures de partage avec une famille de fermiers, isolés au milieu de gigantesques champs de maïs transgénique et privés d'eau par des propriétaires terriens à la gâchette toujours prête à dégommer du "noir". Cette parenthèse westernienne qui finit littéralement en boucherie finit de convaincre Logan de son impuissance. Les héros n'en peuvent plus, ils ne peuvent plus rien pour personne, ils appartiennent à un passé dont les règles sont révolues. Tout comme Alan Ladd face à Jack Palance dans cet extrait de l'Homme des vallées perdues que regardent nos fuyards sur une télé de chambre d'hôtel, les héros, qu'ils appartiennent au cinéma ou à l'univers des comics semblent appartenir définitivement au passé.
Mais si le bilan est amer, il n'en n'est pas moins dénué d'espérance comme semblent le dire les tous derniers plans : la génération X passe la main à la génération Z.
Un opus aussi distrayant qu'intéressant.


Personnages/interprétation : 8/10
Scénario/histoire : 7/10
Réalisation/Mise en scène : 8/10


8/10 <3

Theloma
8
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le 13 mars 2017

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Theloma

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