Indien vaut mieux que deux tu l'auras !

Les États-Unis d’Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence sans jamais avoir connu la civilisation. (Albert Einstein)

Indien vaut mieux que deux tu l'auras !

Pour une fois, c'est un vrai western dans le sens le plus strict du terme (Larousse)

Et pourtant, je m'interroge, je me ronge : qu'est ce qui a bien pu inciter les foules françaises à voir ce film durant les seventies ? Car contre toute attente, cette saga sur la conquête de l'Ouest qui a très mal vieilli, avait attiré lors de sa sortie vers les salles obscures françaises 1 670 443 spectateurs et glané une 17° place au box-office !

Et pourtant....

Le développement de la télé faisait une concurrence rude au cinéma, et beaucoup de salles de quartiers fermaient les unes après les autres, transformées en supérettes ou pire...

Le titre en anglais n'était pas ce qu'on avait inventé de mieux pour attirer le chaland... Surtout en cette époque ou les néologismes se limitaient à 'bifteck" ou steak...

Les enfants du baby-boom ayant joué aux cow-boys et aux indiens durant leur jeunesse étaient passé à autre chose et accomplissaient leur service militaire, à moins qu'ils ne fussent déjà pères de famille ; ils avaient d'autres chats à fouetter qu'aller au cinéma ! Alors ?

Arthur Penn, le réalisateur ? Aucune notoriété en France...

Dustin Hoffman dans un rôle à contre-emploi ? Même s'il était au faîte de sa gloire sur grand écran, je doute...

Les parents des ex teenagers ? Ils en avaient marre des meurtres en tous genres et après la seconde guerre mondiale, préféraient les histoires d'amour, péplums, et autres films policiers...

Ce qui n'a pourtant pas empêché ce film d'avoir une rentabilité mondiale de 210 % !

Alors qu'est-ce qui a bien pu les faire courir ?

Que de longueurs dans cette histoire décousue ! Un marathon pour le spectateur...

Que de rétropédalages et changements d'époques (1) qui nuisent au rythme de l'action, cassent la progression logique de l'aventure, et déconcertent les plus compréhensif des publics !

Arthur Penn, le réalisateur, était un réalisateur genre enfant terrible du cinéma américain ! Récusé par un acteur et n'ayant pu achever un de ses tournages, haï par les producteurs installés qui voyaient d'un mauvais œil déboucher cet indépendantiste ayant contribué au changement de cap du cinéma américain.... Il a eu une fin de carrière difficile même s'il est adulé de nos jours par les ciné-clubs ...

Ce n'est pas que cette aventure soit mauvaise mais elle est fastidieuse, pénible, et ce n'est pas l'harmonica geignard qui favorise l'enthousiasme.. Ce film est assemblé de bouts d'histoire intéressant : la squaw qui accouche seule à l'indienne et qui mord sur du cuir pour ne pas hurler de douleur et ainsi éveiller l'attention de la cavalerie assiégeant les indiens... Merveilleux exemple de protection maternelle et d'instinct de conservation qui a pour témoin le héros silencieux du film...

Ou encore cette défaite du général Cluster en plein délire au moment où il constate une défaite qui lui coûtera la vie...

Démarrage mou, histoire peu passionnante, je me suis retiré au fond de mon tipi dépité...

la trois (RTBF) le 03.05.2023-

(1) Je n'aime pas le terme "flash-back"