Liliom
6.3
Liliom

Film de Fritz Lang (1934)

J’ai regardé ce film par hasard, diffusé à la télé. J'ai loupé le tout début, le générique. J’ai été happé, par le film et me suis mis en quête d’en savoir un peu plus. Fasciné par les toutes premières scènes de présentation de Liliom, je me suis informé de l’identité du réalisateur.


Les séquences m’ont scotché par la modernité de la mise en scène, les mouvements de caméra, les jeux de regards entre les acteurs, les cadrages, le montage, toute la mise en scène est géniale pour planter le décors et la trame. D’une force, d’une efficacité sidérante! Et le nom de Fritz Lang est venu comme une évidence donner l’explication la plus nette. Je découvre à cette occasion ce qu’a pu donner l’escale parisienne de Fritz Lang avant qu’il rejoigne Hollywood.


Le film est très impressionnant. La caméra est très langienne, mais les comédiens français, les décors des faubourgs parisiens des années 30 forment un ensemble étrange et séduisant à la fois, qui sortent de l’ordinaire et de ce que le cinéaste a fait en Allemagne et plus tard en Amérique. Il y a là quelque chose de très étrange, à la fois familier et différent. Oui, très étrange sensation de spectateur.


De fait, je suis accroché par les premières scènes, ces échanges mutiques entre les personnages, cette caméra dynamique, scrutatrice, mobile. Le spectacle est vivant.


La très belle photo de Rudolph Maté nous laisse accroire qu’on est au cœur de l’action et des émotions des personnages. De ce mélodrame, j’avais déjà vu la version de Frank Borzage qui m’avait fortement déplu.


Certes, l’histoire est identique, mais le traitement bohème parigot du film de Lang est étonnant, bien plus séduisant. Surtout la prestation très brutale, animale de Charles Boyer appuie cette surprise et finit d’emporter la mise. Il réussit à amalgamer dans son jeu le côté hâbleur des habitants de la “Zone” et une espèce de fragilité enfantine. C’est là tout l’axe du film, la dramatique incapacité du bonhomme à allier ces caractéristiques sans écraser tout ce qui l’entoure.


Tout le côté éthéré des limbes, fantastique, mystique demeure encore trop sérieux, même si Lang évite la pompe de Borsage. Il s’essaie même à rendre comique l’organisation du paradis, en l’affublant des faiblesses terrestres, dispositif qui est presque systématique dans le genre. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas le plus intéressant. A la rigueur, c’est même ennuyeux.


Non, ce qui est formidable c’est la relation entre Liliom (Charles Boyer) et Julie (Madeleine Ozeray). L’écriture de cette relation de couple apparaît aujourd’hui préhistorique. L’acceptation de la violence conjugale par Julie sous prétexte d’amour fait froid dans le dos, mais il faut l’accepter car elle reflète les mentalités d’alors.


Au delà de ce postulat déplaisant, le conflit intérieur auquel est livré Liliom est très bien mise en scène. L’acteur arrive à convaincre avec un personnage très fruste et pour tout dire qui apparaît aujourd’hui même très con.


Ce qui me plait véritablement, outre le jeu de Charles Boyer, c’est cette façon dont Fritz Lang mène son récit. Mis en scène, montage, direction d’acteurs, travail esthétique font mon admiration.


http://alligatographe.blogspot.com/2018/07/liliom-lang-boyer-ozeray.html

Alligator
7
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le 17 juil. 2018

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