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Si les ingrédients du post-apocalyptique captivent toujours autant, c’est pour sa richesse et sa complexité, loin de la morale que l’on cueille parfois avec précipitation. Casey Affleck fait le choix de bien nuancer son récit et propose une magnifique leçon de vie, une incroyable lettre d’amour. Le patriarcat et l’héritage s’opposent dans un conflit humain et c’est à travers d’une relation père-fille que l’on finira par y trouver le bouleversement souhaité. L’ouverture dévoile avec justesse toutes les valeurs d’un réalisateur qui s’inspire inévitablement de grandes références, comme « Les Fils de l’Homme », « La Route » et bien d’autres, mais cette proximité avec son sujet le place également au cœur d’un conflit qui le touche personnellement.


Un plan fixe, un conteur, un public. En somme, nous plongeons dans la préface d’une intrigue qui questionne sur la place de l’Homme dans ce monde, puis des espèces genrées, en passant par la définition d’un individu. A hauteur d’enfant, le discours dégage tout de même un certain lyrisme qu’on ne peut amputer à l’artiste qui conçoit son œuvre de l’intérieur, comme de l’extérieur. La double casquette du jeune Affleck valorise ainsi ce drame qui n’a pas besoin de tremper dans le spectaculaire pour convaincre une audience tout aussi mature que son engagement. L’Arche de Noé que l’on décrit revient dans toutes les thématiques que véhicule le film, dans un élan ludique et touchant. Rag (Anna Pniowsky) est le principal catalyseur, grâce à sa clairvoyance et surtout son innocence. Dommage que l’on n’adopte pas assez son point de vue, qui apporterait un sentiment de légèrement et qui contrasterait bien avec un environnement qui la rejette. Fille, biologiquement, mais essentiellement enfant dans un monde d’adultes, elle évolue aux côtés d’un père à la recherche d’un sanctuaire de paix.


Mais quelle est la nature de cette paix ? La réponse se dissimule sous une branche, dans un reflet ou encore derrière des souvenirs. Le film explore habilement les liens familiaux et laisse au spectateur le soin de suggérer la situation et la place de la femme dans ce nouveau monde. La présence d’Elisabeth Moss souligne justement cette attention, car l’ombre de la servante écarlate reste toujours sur un coin de l’écran. De ce fait, toute notre attention va au duo père-fille qui se découvre encore plus, avec une note d’émancipation obligatoire afin de justifier un dénouement qui emprunte sa brutalité au western. La caméra bouge peu, voire pas du tout afin que l’on immerge face à un portrait à la fois grotesque de l’humanité qui continue de se déchirer. Ôter la femme du récit renforce justement ce point, car elle incarne symboliquement une beauté et une tendresse que les personnages convoitent, mais pas toujours pour les mêmes motivations. L’intelligence de l’œuvre, c’est de croiser maternité et paternité dans ce voyage très spirituel et qui flirte avec les limites de nos attentes. Lorsqu’une intrusion prend place, l’ambiguïté domine nos pensées et l’enfance que le père essaye de préserver frémit.


La plupart des plans invitent à la réflexion et ajoutent de la profondeur chez des protagonistes tantôt bavards, tantôt discrets. Et pourtant, il y a tant d’informations frontalement communiqués. Nos héros n’existent pas en tant que tel. A terme, on y voit un cycle bienveillant, mais qui aura atteint son objectif qu’après être passé par le malaise et les turbulences de l’éducation. Pour un second long-métrage, « Light of my Life » permet à Casey Affleck de convoquer la patience et la sagesse qu’avait besoin cette épreuve intimiste et émouvante. De plus, il démontre que même dans une société en ruine, il est encore possible de s’instruire, de vivre simplement et de vivre d’un amour bouleversant et en famille.

Cinememories
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le 13 août 2020

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