Les héros sont morts, vive les héros. Ou alors, ce n'étaient pas les héros.
Les sept mercenaires marquent une date dans l'histoire. Ce n'est peut-être pas le premier western à renverser le mythe (je n'en sais rien, mais dans mon cycle, ce n'est pas encore arrivé), mais c'est le premier des films cultes à le faire.
Finalement, tout tourne autour de ça : les héros ne sont pas ceux qu'on croit. Les héros, ce sont les paysans, qui, malgré le danger et leur non connaissance de l'art de la guerre, persistent à vouloir construire quelque chose pour leur famille, leur communauté. Ils ne renoncent pas.
Et les sept dits mercenaires, puisqu'ils sont 7, sont trop pour tous être des héros. Ils sont noyés dans la masse. Même les acteurs, tous célèbres ou aux portes de la célébrité, ne sont plus qu'un rouage de cette lutte, de ce scénario.
Au final, voici un nouvel acte de cette mythologie de l'ouest : on s'approche de la civilisation, et même si le porteur de flingue peut sécuriser un site (mais aussi y foutre le boxon), celui qui compte, c'est celui qui produit. C'est lui qui va commencer à apporter les prémisses de la civilisation (d'ailleurs, le jeu Civilization propose l'agriculture comme la première découverte, la pierre fondatrice de toute civilisation).
Les sept mercenaires n'est pas le meilleur film de ma liste, mais il marque donc un tournant :
- outre ce renversement des valeurs : les héros sont ceux qui produisent et pas les fines gâchettes
- les acteurs incarnent une nouvelle génération : exit John Wayne, Henry Fonda, James Stewart..., place à Yul Brynner, McQueen et, peut-être, symboliquement, Bronson, Wallach, Coburn, qui feront le trait d'union avec ce qui sera bientôt être le deuxième chapitre du western : le western italien
- les vrais gentils sont en plus des mexicains... bon, certes, protégés par des blancs contre d'autres mexicains (on est encore dans les Etats-Unis ségrégrationnistes, les choses n'avancent pas vite)
- la musique prend une place omniprésente, impossible à ignorer et pas seulement illustratrice. Elle met l'emphase, elle porte certaines scènes, elle obnubile.
Comme dit Steve à la fin du film en parlant de lui en tant que comboy mercenaire : "We lost. We always lose".
Il est temps de passer à autre chose.