Un bon giallo qui, à changer trop souvent de visages, perd la face

Grand Hôtel Pas Lasse, Paris, Minuit, l'heure du crime
- Appelez-nous le Directeur !



  • Directeur: Monsieur Philippot ! Vous ici ! Encore ... Quelle bonne surprise ! En quoi vous puis-je aider ?

  • Marcel Philippot: Je tiens à protester contre le rôle de Zaza que l'on m'a donné dans Les Prédateurs de la nuit ! Je ne suis pas content ! Tu entends, Doudou ? Pas content du tout !

  • Directeur: Pas d'inquiétude, Monsieur Phillippot, ce genre de ... disons .. de caricature était très courant à l'époque. Certes, aujourd'hui d'aucuns vous le reprocher, mais ...

  • Marcel Philippot: C'est que j'ai une réputation à tenir, moi, Monsieur !

  • Telly Savalas: Ouais, et bien, laisse-moi passer bonhomme, parce que moi aussi et plus encore ! Qu'est-ce que c'est que ce film à la noix qui me donne un rôle anecdotique et qui se réclame de ma présence ?

  • Directeur: Je vous en prie, Monsieur Savalas ! C'est une sélection René Chateau, qui est d'ailleurs l'un des scénaristes de ce film. Un film de Monsieur Jesus Franco, grand nom de l'horrifique !

  • Telly Savalas: Ah, j'n'en doute pas, bonhomme ! Non, tu vois, ce qui me chagrine, c'est que je suis une pure caution dans ce film: je sers à rien !

  • Directeur: Mais vous avez l'honneur de figurer seul sur l'image de fin.

  • Telly Savalas: Ouais, bah parlons-en de cette fin à la noix ! Alors, dès que je passe à l'action, on lance le générique de fin pour faire fin ouverte ! C'est quoi ce procédé minable !

  • Directeur: Monsieur !

  • Telly Savalas: Parfaitement: MINABLE ! Et je pèse mes mots ! Tu vas apprendre un truc, coco, quand on fait chier Telly, vaut mieux être James Bond, et encore ! Si tu sors pas un 2 qui me voit défoncer sa tronche de premier de la classe d'Helmut Berger, défoncer sa Brigitte dans un autre sens et faire péter sa clinique à deux sous, toutes les horreurs du film, tu vas les sentir, façon cinexpérience 4D, vu ?

  • Marcel Philippot: Parlons-en d'ailleurs ! Que d'horreur ! Que d'horreur ! Et d'horreur gratuite en plus dans ce film ! On découpe des peaux de visages sur des patients vifs et effrayés, on perce des crânes avec des forets gros comme des sexes de porno et, quand c'est pas suffisant, on tombe même dans le X !

  • Directeur: Le X, le X, Monsieur Philippot, comme vous y aller !

  • Marcel Philippot: OUI, OUI, le X ! Y'a du sexe à tous les étages ! Appelez-moi le Directeur !

  • Telly Savalas: Non, mais c'est lui le Directeur. En outre, Les Prédacteurs de la nuit, c'est un giallo, rien d'étonnant à ce qu'il y ait toute cette horreur - certes bien vomitive - et tout ce sexe !

  • Brigitte Lahaie: Mouais, m'enfin, faudrait surtout que Monsieur Philippot parle de ce qu'il connaît. Moi, je sais de quoi je parle !

  • Serge Gainsbourg (blasé et souriant): Vous êtes une salope et vous êtes une putain !

  • Brigitte Lahaie (l'ignorant): Franchement, c'est tout juste un chouya érotique, avec un peu de lingerie, quoi. La culotte de Caroline Munro, les dessous de Florence Guérin. Même moi, je n'ai pas fait grand chose ...

  • Serge Gainsbourg (pouffe de rire): Salope !

  • Marcel Philippot: Mon cul, oui !

  • Brigitte Lahaie: Non, même pas le vôtre. Non, il n'y a rien de trop osé ... Cela dit, je ne m'en plaint pas, puisque ça me permet de composer un personnage froid, sombre, glacial, effrayant. Effrayant de sang froid et de démence. On ne pale pas assez du bon suspens de ce film !

  • Directeur: Oui, en effet: les deux mains sur une poignée de porte qui sépare le tortionnaire de sa victime, leurs alliés respectifs du côté opposé de la porte. Même l'horreur est inventive !

  • Stéphane Audran: Oui, moi, par exemple ! Je suis très contente de mon rôle, jusque dans la mort de mon personnage, en clin d'oeil - si je puis dire - au Chien andalou de Bunuel. D'ailleurs, toute l'horreur du film tient de celui du Chien andalou.

  • Marcel Philippot: Alors, ça, c'est trop fort ! Appelez-moi le Directeur !

  • Directeur: Je suis toujours là, Monsieur Philippot. Et vous, Monsieur Berger, on ne vous entend pas beaucoup ?

  • Helmut Berger: Eh, bien, c'est parce que, pour ce qui me concerne, je m'en tire plutôt admirablement. Ne regardez que mes scènes et vous aimerez ce film. Bon, c'est vrai que j'ai une ou deux scène un peu hot ...

  • Chris Mitchum: Moi non plus, je n'ai pas trop à me plaindre. Bien que mes dialogues ne vaillent pas ceux de Monsieur Berger. C'est vrai que je fais un peu Dirty Harry d'opérette, une sorte de Bogart sans trench coat, comme dit dans le film. Et ça, ça fait quand même nanard, on va pas se mentir, hein !

  • Helmut Berger et Brigitte Lahaie: Oui, nous aussi, ce n'est pas le tout. Ce sont les visuels qui comptent.

  • Chris Mitchum: Mais à part ça ...

  • Caroline Munro: Mais à part ça, il faut avoir vos rôles pour en être content! Moi, je passe mon temps en slip, en chemise, sanglée à appeler à l'aide et à me faire violer !

  • Serge Gainsbourg (pouffe de rire): Salope !

  • Caroline Munro: Voilà, en gros, c'est ça ! On ne cesse de parler des rôles donnés aux femmes dans James Bond, n'empêche que dans L'Espion qui m'aimait, moi, j'étais une tueuse, pilote experte d'hélicoptère. Peut-être en maillot à un moment donné mais mais clairement plus forte que dans cette sinistre bouse !

  • Telly Savalas: Que pourrais-je dire, moi, qui ait pu jouer Blofeld dans Au Service secret de Sa Majesté ? De quoi j'ai l'air dans ce film ? Quand on me voit ! Je le dis, allez voir un James Bond ou Le Crépuscule des Dieux pour Helmut plutôt que cette immondice ! Ou alors, pour Brigitte, qui ne doit pas avoir mieux dans sa filmographie.

  • Brigitte Lahaie: Mais je ne vous permet pas ! Les fanatiques de films d'horreur et de giallo vont adorer ! Les autres ...

  • Directeur: J'en déduis qu'il y a autant d'amateurs que de détracteurs, je ne puis donc trancher. Affaire classée. Bonne journée, Messieurs-Dames ! (sort et entre en coulisses dans une salle sombre tapissée de sang) Rien à faire, il faut plus pour plaire ou distraire ...

  • Ernst Stavro Blofeld: VOUS AVEZ ECHOUÉ !!!! (appuie sur un bouton rouge et le Directeur perd littéralement la tête)

  • James Bond: Oh, shocking !

  • Ernst Stavro Blofeld (hilare): C'est ce qu'on appelle un bon dirlo qui, à changer trop souvent de visages, perd la face !

Frenhofer
5
Écrit par

Créée

le 7 juil. 2019

Critique lue 267 fois

2 j'aime

2 commentaires

Frenhofer

Écrit par

Critique lue 267 fois

2
2

D'autres avis sur Les Prédateurs de la nuit

Les Prédateurs de la nuit
AMCHI
5

Les prédateurs du nanar

Les Prédateurs de la nuit pour du Jesus Franco c'est un film potable, déjà c'est regardable et surtout ce thriller (qui n'est pas sans rappeler les giallos) s'inspirant de Les Yeux sans visage...

le 24 avr. 2013

6 j'aime

Les Prédateurs de la nuit
Zogarok
5

« Après les valseuses de Doudou ça va être le vase ! » « Oh non pas mon Miiiiiing !!! »

Jes(u)s Franco est un grand artisan bisseux, donnant essentiellement dans l'érotisme et l'épouvante. Il alimente les bases de données de répertoires de bizarreries et de nanars, mais n'a pas toujours...

le 17 janv. 2016

4 j'aime

3

Les Prédateurs de la nuit
Boubakar
3

Une production René Chateau.

On connait René Chateau par ses VHS, son logo avec une panthère, son métier de publiciste auprès de Jean-Paul Belmondo, mais moins son activité de producteur, qui ne se résumera qu'à ce seul film,...

le 24 déc. 2022

3 j'aime

2

Du même critique

Les Tontons flingueurs
Frenhofer
10

Un sacré bourre-pif!

Nous connaissons tous, même de loin, les Lautner, Audiard et leur valse de vedettes habituelles. Tout univers a sa bible, son opus ultime, inégalable. On a longtemps retenu le film fou furieux qui...

le 22 août 2014

43 j'aime

16

Full Metal Jacket
Frenhofer
5

Un excellent court-métrage noyé dans un long-métrage inutile.

Full Metal Jacket est le fils raté, à mon sens, du Dr Folamour. Si je reste très mitigé quant à ce film, c'est surtout parce qu'il est indéniablement trop long. Trop long car son début est excellent;...

le 5 déc. 2015

33 j'aime

2

Le Misanthrope
Frenhofer
10

"J'accuse les Hommes d'être bêtes et méchants, de ne pas être des Hommes tout simplement" M. Sardou

On rit avec Molière des radins, des curés, des cocus, des hypocondriaques, des pédants et l'on rit car le grand Jean-Baptiste Poquelin raille des caractères, des personnes en particulier dont on ne...

le 30 juin 2015

29 j'aime

10