Valeria Bruni-Tedeschi est une actrice souvent agaçante mais elle est bien pire quand elle se dirige elle-même. Dans Les estivants, au titre emprunté à Gorki, flotte comme un parfum tchékhovien qui pourrait être capiteux s'il était accompagné d'un scénario un peu mieux construit et moins éparpillé aux quatre vents dans un effet choral qui ne met personne en valeur et reste en surface, hormis pour Valeria qui a bien entendu le premier rôle et qui passe son temps à minauder ou à friser l'hystérie. Outre le fait de raconter sa vie dans cette autofiction affectée, elle brasse tout un tas de thèmes sans les approfondir : la fin de l'amour, le deuil, l'arrogance des nantis, l'insoutenable légèreté de la bourgeoisie, la lutte des classes, etc. Le plus souvent, c'est insupportable car le film passe allègrement d'une scène à l'autre, avec des changements de ton incessants qui montrent une absence d'enjeux et surtout un sentiment de vide abyssal dans toutes les bribes de vie montrées. Beaucoup de bons acteurs figurent dans Les estivants mais ils ont soit hérité d'un rôle grotesque (Arditi, Moreau, Stocker, Lvovsky), soit ils ne font que passer (Beauvois, Scarmacio, Perez). Seule Valeria Golino, de par son talent naturel, parvient à tirer son épingle du jeu. Et puis, le film dure 2 heures sans justification narrative. Il est vrai que cela vaut le coup d'attendre car la mise en abyme finale dans un brouillard antonionien est (presque) le seul moment digne d'éloges.

Cinephile-doux
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2019

Créée

le 30 janv. 2019

Critique lue 1.2K fois

8 j'aime

3 commentaires

Cinéphile doux

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

8
3

D'autres avis sur Les Estivants

Les Estivants
Cinématogrill
3

Les fatigants

Valeria Bruni-Tedeschi revient derrière la caméra pour le meilleur et pour le pire (surtout). Les estivants, présenté à la dernière Mostra de Venise, est une énième autofiction française où, sous...

le 21 janv. 2019

6 j'aime

3

Les Estivants
amicric
3

pauvre petite fille riche

L'excellent Bruno Raffaelli avait joué la pièce de Gorki 'Les Estivants ", à la Comédie Française dans une mise en scène de Gérard Desarthe. Il joue ici un personnage énigmatique, confident désespéré...

le 1 déc. 2020

5 j'aime

9

Les Estivants
cinevu
6

Affreux, riches et méchants,

Évidemment on pense à la Famille Bruni; on a la mère, les deux soeurs, le frère décédé, un PDG de droite façon Sarko et puis le lieu : Le Cap Nègre ? Une famille bourgeoise mais bohème, des artistes,...

le 3 févr. 2019

5 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

75 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

73 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13