Les Crevettes Pailletées est une comédie enlevée, drôle, à la trame certes peu originale (la rédemption par l’acceptation) mais efficace. L’essence du film populaire. A une exception près, c’est une comédie ostensiblement queer, un feel gay movie assumé, avec son lot de défauts (jeu des comédiens inégal, dialogues parfois assez pauvres) mais pas plus que pour une comédie « classique ». Le scénario finit d’ailleurs par se densifier et s’épaissir après une entame plutôt laborieuse et son pitch prétexte trouve au fil des scènes un peu plus de profondeur. Traversé de punchlines et de répliques savoureusement bordelines mais qui font souvent mouche et parcouru par une BO forcément entrainante (la moindre des choses pour un film queer), Les Crevettes Pailletées vaut mieux que le procès en caricature que certains lui font. Le trait est certes forcé, mais comme dans la plupart des comédies. Surtout le film regarde d’un œil nouveau, conscient et positif la communauté homosexuelle en exposant fièrement sa diversité. Il trimbale un militantisme bon enfant, mais bien visible. Car s’il y a une union et une cohérence dans le combat, les scénaristes n’hésitent pas à pointer du doigts les débats et les contradictions à l’intérieur d’une communauté riche et diverses aux positions parfois très éloignées.
Cette diversité est illustrée par le parcours de chacun de ses membres, pour qui rien n’a jamais été évident, pour qui rien n’est jamais totalement gagné. Ils ont tous une légitimité dans les revendications qu’ils mènent, même si elle s’est construite différemment, même s’ils souhaitent l’exprimer différemment.
La composition très hétéroclite de l’équipe met en exergue la nécessaire question de l’invisibilité, et permet de dénoncer les diverses formes d’ostracisation qui peuvent s’exercer jusqu’au sein même d’un groupe gay : transphobie, follophobie, agisme, dénonciation des modes de vie hétéronormés…
Et les réalisateurs le font avec assez de finesse pour qu’on ne rie pas d’eux mais avec, et qu’un public mainstream prenne conscience de la singularité et la variété d’une communauté dont ils ne présentent qu’une partie, peut-être un peu plus exubérante que la moyenne.
Par son habileté à mêler humour et destins personnels, Les Crevettes Pailletées rappelle ce que les comédies britanniques comme The Full Monty (évidemment) ou Quatre mariages et un Enterrement pouvait offrir de meilleur, la subtilité du jeu britannique en moins peut-être, tout en s’érigeant à juste titre comme manifeste joyeux contre l’homophobie. Une feel good & gay movie réjouissant.

Thibault_du_Verne
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le 15 mai 2019

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