Le mélange des genres est un exercice assez courant dans le cinéma sud-coréen (on se rappelle de l’ovni The Host de Joon-ho Bong), ce n’est pas ce qui étonne le plus à propos de The Strangers. On ne se formalise donc pas de voir le film débuter sur un ton débonnaire (les habitants d’un village dissertent à propos de rumeurs et de légendes urbaines et jouent à se faire peur) avant qu’il ne prenne un tour nettement plus sombre, mais toujours accompagné d’une espèce de distance ironique parfois déconcertante. Ce n’est donc pas rédhibitoire en soit, mais The Strangers s’égare de trop en reposant sur une espèce de fourre-tout de croyances, de superstitions, de rites surnaturels. Le lien qui fait la jonction entre les différentes pistes lancées par un scénario inutilement alambiqué s’avère rapidement illisible et pénible à suivre. On est vite perdu entre les histoires de démons, de possessions, de recours à l’exorcisme (que j’ai personnellement toujours trouvé absurde, à la limite du ridicule – le succès de l’Exorcisme restant pour moi un mystère) ou encore l’intervention d’un chaman peu avenant. The Strangers s’aventure même un court instant du côté du film de zombie, a priori uniquement pour offrir un passage à la fois gore et grotesque sans réel utilité scénaristique. Na Hong-jin s’autorise tout. Durant 2h40, cela fait vraiment long quand on finit par constater où cela nous mène (pas très loin). Même le twist final, qu’on attend du coup impatiemment, tombe à côté.
On reste de marbre alors qu’on devrait angoisser et se ronger les sangs. Au final, l’accumulation et la surenchère finissent pas ennuyer…
Peut-être The Stranger souffre-t-il aussi de l’interprétation outrancière et souvent hors sujet de l’acteur principal, qui ne parvient pas à faire passer la moindre émotion juste. Exagérément burlesque lorsqu’il se voir confronté pour la première fois aux événements, tragiquement en sur-jeu quand il doit rendre compte de l’horreur qui touche son personnage, ce choix de casting est clairement pénalisant.


Dommage, parce que dans la structure du récit, dans la flamboyance de la mise en scène et cette virtuosité à jouer des éléments (la pluie) et des décors pour instaurer immédiatement une atmosphère singulière, c’est une sorte de tour de force. Il est vraiment regrettable que ce soit au service d’un propos trop riche, alambiqué et assez vain.

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le 27 juil. 2016

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