Des poubelles et des chiens

C’est l’adaptation du (2e) roman éponyme (2000), à 37 ans, d’Antonio OJERUDO et qui a obtenu le prix du roman andalou (Premio Andaluzia de Novela). Voilà un film décoiffant, trash mais qui reste sur le fil du rasoir en évoquant des sujets scabreux comme la pédopornographie et la zoophilie. Il fallait oser ! Ames sensibles, s’abstenir ! Et pourtant, c’est du vrai cinéma, qui emporte le spectateur dans un tourbillon et un monde, heureusement, non réaliste mais d’une folle inventivité, grâce à un montage en mise en abyme en 3 chapitres [dont le point de départ est une femme, Helga Pato (Pilar CASTRO), éditrice, qui vient de faire interner son mari, Emilio (Quim GUTIÈREZ) et qui rencontre dans le train pour Madrid, le psychiatre Angel Sanagustín (Ernesto ALTERIO) qui lui parle de ses patients, dont Martín (Luis Tosar), schizophrène et voyant des complots partout, notamment dans l’examen minutieux des poubelles domestiques, permettant à une organisation de tout connaître des citoyens, plus finement que par le traçage sur internet et des achats par carte bancaire] et proche du surréalisme [influence probable de « Cet obscur objet du désir » (1977), dernier film de Luis Buñuel (1900-1983) où Fernando Rey raconte, dans le train Séville-Paris, ses mésaventures sentimentales avec Conchita, aux passagers de son compartiment]. On y retrouve l’ambiance décalée et provocatrice de « Kiki, l’amour en fête » (2016) de Paco León et de « Peaux » (2017) d’Eduardo Casanova.