Le train-train PAS quotidien (du tout)

"Entre Jean-Pierre Jeunet et Wes Anderson", scandait le prospectus promotionnel du film que j'avais trouvé par hasard. "Entre Lanthimos et Damian Szifron", disait plutôt certaines critiques. Et lorsqu'on peine à situer l'influence d'un réalisateur, c'est plutôt signe d'une bonne singularité. Oui mais voilà.

Visiblement fasciné par les histoires que l'on raconte, de préférence lorsqu'elles sont imbriquées les unes dans les autres, Aritz Moreno peine à me toucher émotionnellement, tant il est concentré à essayer de me répugner par tout les moyens. Pédopornographie, zoophilie, vous êtes prévenus, même si le film n'est pas visiblement complaisant et met hors champ les choses qui seraient vraiment abjectes, les sujets sont là, et ils sont dégueulasses. Aritz Moreno ne fait donc pas simplement un cinéma loufoque, il fait un cinéma profondément glauque, mais décalé. Et un détail de réalisation a retenu mon attention, parce que son utilisation criarde tout au long du film ne peut être ignoré, c'est le grand angle, qui arrondi tellement les bords de l'image que personne ne peut passer à côté de la déformation, d'autant plus lorsqu'il est couplé à autant de mouvements panoramiques, qui trahissent bien sûr d'autant plus le trucage. Si je m'attarde sur ce détail, c'est parce qu'il trahit la facticité du film, et c'est bien volontaire pour le réalisateur, qui nous révèle très subtilement en fin de film que le cœur de tout ce joyeux bazar est en fait de mettre à l'épreuve notre suspension de l'incrédulité, autrement dit, qu'on se demande à quel moment on ne va plus y croire. D'où l'idée de montrer autant de personnages qui racontent autant d'histoires dont au final, les trois quarts sont fausses.

Démarche intéressante, donc, jusqu'auboutiste, mais qui m'engage par conséquent assez peu émotionnellement, puisque le film s'évertue à ce que vous n'y croyiez pas.