dec 2011:

Première partie : "Le lac d'or" (Der Goldene See) :

Ayant vu les deux films l'un à la suite de l'autre, j'aurais bien du mal à jeter un regard très distinctif sur l'un plus que sur l'autre. M'enfin, je vais m'y efforcer, notamment en essayant de me rappeler mes premières impressions. Je sais tout de même que j'ai eu beaucoup moins de mal à suivre le premier chapitre que le second.

Par bien des aspects je dirais volontiers que ce premier élément emprunte bien davantage à la culture populaire des serials américains. Le goût du film est plus proche du héros Kay Hoog (joué par Carl de Vogt). Le lien avec ses aventures exotiques fait immanquablement penser à Indiana Jones mais peut-être plus encore à Tintin. Les similitudes avec beaucoup d'albums d'Hergé laisseraient à penser qu'Hergé a été très influencé par cette culture populaire et peut-être spécialement par les films de Fritz Lang.

La piètre connaissance des peuples sud-américains peut expliquer également la part de fantasmes et de mystère que Fritz Lang met sur cette peinture pour le moins baroque et chargée de ces étranges habitants. Sans doute faut-il y voir avant tout un moyen de créer un spectacle grandiose, effrayant en même temps que majestueux.

On croirait reconnaitre aussi certains aspects esthétiques chers au cinéaste allemand et qu'on retrouve dans "Les Nibelungen", chez Attila et ses Huns par exemple, une sorte d'État encore un peu sauvage, une ébauche de civilisation, primaire et périlleuse pour les occidentaux qui s'y perdent, un État où la nature impose formellement sa marque dans la pierre ou dans les habits.

De là l'exotisme que la mer, les forêts denses, les plages aux rochers escarpés ou les grottes envahies de fumerolles assassines condensent de façon si prégnante dans le récit.

On est encore et toujours dans le serial, car on enlève des femmes, des sociétés de criminels se tapissent dans l'ombre dissimulées derrière des parois escamotables, de grands espaces s'ouvrent à des cavalcades endiablées de cow-boys, des ballons dirigeables permettent d'échapper à l'ennemi, des serpents sont prêts de tuer de doulces demoiselles sans défense, etc.

Kay Hoog, le Tintin ou Indiana de Lang, passe son temps à parcourir le monde pour mettre à bas le plan des "Araignées", une mafia internationale dont l'un des leaders se trouve être une femme machiavélique Lio Sha (Ressel Orla).

Sur le papier, cela constitue un programme alléchant, plein de promesses, de rebondissements, d'évènements mouvementés et rocambolesques, or, on s'aperçoit que Lang laisse parfois durer trop longtemps certaines scènes, alourdissant du même coup le rythme de l'action. Aussi, très souvent, me suis-je ennuyé. Il faut concéder que les temps de lecture des films ont bien entendu considérablement évolué et que notre capacité d'absorption du récit s'est tellement amélioré de nos jours qu'on peut finir par trouver le temps long durant pas mal de séquences. C'est un peu triste, m'enfin, il ne sert à rien de se le cacher.

--------------

Seconde partie : "Le cargo d'esclaves" (Das Brillantenschiff) :

Ce 2e opus est beaucoup plus proche du Dr Mabuse me semble-t-il. On reste volontiers dans le monde dit "civilisé" et ce sont les coins et recoins de l'organisation des "Araignées" que l'on est censé explorer ici.

On pense également à la vue de ces criminels qui changent d'apparence au "Fantômas" de Souvestre et Allain. Double jeu, cache, pièges, hypnose, trahison et surtout vengeance forment le gros du scénario.

Certes, quelques phases du film peuvent à nouveau prendre les atours de l'aventure ébouriffante, du serial américain, très populaire à l'époque, avec bien entendu la figure sévère et obstinée du héros Kay Hoog (Carl de Vogt), mais je le répète, Fritz Lang se focalise dans ce deuxième film bien davantage sur cette société parallèle, vivante pour le crime, solide pour le mal et qui bâtit sa puissance sur la fidélité de ses membres. L'honneur est à l'envers. Cette organisation tisse sa toile et il faut donc un courage sur-humain pour pouvoir en venir à bout (ou bien la force des revanchards).

Je dois concéder que ce type de films et ces problématiques de la dissimulation ne m'intéressent pas des masses : je me suis beaucoup plus ennuyé ici que sur "Les Araignées 1" qui me parait être beaucoup plus mouvementé, plus dynamique. Ces sensations sont sans doute accentuées par le montage un peu trop large sur beaucoup de séquences : ça finit par faire long par moments.
Alligator
5
Écrit par

Créée

le 20 avr. 2013

Critique lue 535 fois

1 j'aime

1 commentaire

Alligator

Écrit par

Critique lue 535 fois

1
1

D'autres avis sur Les Araignées - Le Lac d'or

Les Araignées - Le Lac d'or
m-claudine1
7

Du Temple du soleil au Lotus bleu

Les films muets peuvent souvent paraître assez rébarbatifs à une grande partie du public d’aujourd’hui. De fait, exceptés les films burlesques – notamment ceux de Chaplin -, qui se passent plus...

le 18 nov. 2017

5 j'aime

4

Les Araignées - Le Lac d'or
Alligator
5

Critique de Les Araignées - Le Lac d'or par Alligator

dec 2011: Première partie : "Le lac d'or" (Der Goldene See) : Ayant vu les deux films l'un à la suite de l'autre, j'aurais bien du mal à jeter un regard très distinctif sur l'un plus que sur l'autre...

le 20 avr. 2013

1 j'aime

1

Les Araignées - Le Lac d'or
AMCHI
8

La vraie aventure

C'est un film muet ou il ne faut pas chercher à trouver de la cohérence, c'est de l'aventure avec un grand A ; après avoir vu Les Araignées on se rend compte que ce film a sans doute inspiré pas mal...

le 20 déc. 2012

1 j'aime

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime