Janvier 2016, mois de sortie du huitième film de Tarantino, une bonne option pour bien commencer mon année ciné ! Les critiques, mitigées, passeraient presque inaperçues après le passage du rouleau compresseur Star Wars qui a monopolisé le mois de Décembre : La planète ciné en est encore groggy ; Comme un lendemain de caisse d'une grosse soirée avec beaucoup de monde lancé dans un concours de bruit entre les fanboys inconditionnels et écervelés qui crient très fort et dansent ensemble en rond, et ceux qui ont décidé d'huer la musique avec une pincée de mauvaise foi sur le simple postulat qu'elle est trop mainstream.
Voilà donc l'occasion de reprendre l'année correctement et avec moins de tapage. Pourtant fun fact : le huitième film de Tarantino fait un meilleur démarrage que le septième Star Wars au box office France en semaine 1, quand même.



Le Maxi BestOf Tarantino sauce barbecue



Est ce que le bougre serait pas en train de se faire un auto hommage ? C'est une nouvelle fois dans l'univers des cowboys que Tarantino nous plonge ici, en se mettant à mon avis une pression supplémentaire : il fait en effet sa propre concurrence avec Django Unchained, un de ses meilleurs films. Il a aussi décidé de retourner à ses premiers amours en reprenant une structure narrative particulière : le huis clos / whodunit (who has done it) qui l'avait fait connaître avec Reservoir Dogs. On retrouvera aussi dès scènes ridiculeusement gores propres au cinéaste rendues célèbres dans ses Kill Bill notamment. Enfin, c'est au niveau du casting que l'on retrouvera des habitués et des petits nouveaux (Channing Tatum) pour notre plus grand bonheur tant ils sont bons sous la direction parfaite de Tarantino.



Le long, la brute et le trop lent



Il faut dire qu'avec le combo dialogues + direction d'acteurs, Tarantino utilise son point fort pour que ses personnages percent l'écran pour porter tout le film. La mise en scène vient ensuite servir son scénario de manière assez classique voire assez barbante en ce qui concerne les 3 premiers chapitres avec un enchainement de champs/contre-champs très neutres sans grand relief.
Car c'est bien là que le film pêche : un bon gros diesel bien long et chiant à lancer dans le froid du blizzard. Ça commence déjà bizarre : le générique d'entrée et sa musique (une des trop rares du film) traîne en longueur sans avoir une grande saveur, et on observera ce défaut à plusieurs reprises durant le film (les plans de la diligence qui roule, la scène du planter de piquets, etc). Au final, avec ces scènes anecdotiques, Tarantino nous livre son film le plus long (presque 3h!) et sans doute le plus déséquilibré en termes de construction générale. Un parti pris assumé avec le découpage en six chapitres non chronologiques pour avoir une progression de préparations avec un paiement très efficace à la fin, mais qui participe à cette impression de longueurs au début du film. D'ailleurs ce jeu avec la chronologie des évènements apporte une nouvelle rupture et donc un déséquilibre stylistique supplémentaire début/fin avec l'apparition soudaine d'une voix off sortie de nulle part.



Gr8 b8 m8



Heureusement, après 3 chapitres de mise en place, le film opère un tournant radical et plante magistralement l'intrigue et la tension qu'on découvre maintenant entre personnages au fil des éléments perturbateurs. C'est la scène géniale avec le piano et la musique "douce nuit" qui va tirer le film d'un silence musical ennuyeux pour enfin me faire enfin accrocher avec la colère froide de deux vétérans de la guerre de sécession qu'une reddition a mise en pause mais que seule la poudre pourra terminer.
Badaboum ! Voilà on y est : Tarantino joue (enfin) avec toutes les façettes de ses personnages et utilise le refuge dans lequel ils sont coincés pour montrer les interactions tendues qui existent entre eux à la manière d'une pièce de théâtre. C'est bien vu, le spectateur a une excellente lecture de la cabane et est amené à suivre l'intrigue dans chaque recoin de la pièce (parfois avec une mise en scène très réussie comme le passage de la guitare avec un changement de focale pour switcher entre les sujets), dans laquelle on évolue comme dans un Cluedo géant (d'ou le whodunit). Point de Colonel Moutarde, ni de tisonnier dans ce jeu d'enquête, mais en revanche un arsenal de Colts Peacemaker et un Major pour trouver qui des 8 Salopards est vraiment un salopard. Et ça marche ! On parsème le tout avec un peu d'humour/gore/absurde comme la running joke ou Daisy Domergue récupère toujours plus de sang sur laggle au fil du film, un Samuel L. Jackson qui en a des grosses dans le pantalon et qui lance autant de tirades bien senties qu'il fait parler la poudre, et on obtient un Tarantino classique et réussi.


Finalement, à chaud, on ressort assez content du cinéma, satisfait par la qualité évidente de la deuxième partie du film. En revanche, l'inégalité du film créé un déséquilibre qu'il est difficile de ne pas constater. Et même s'il est certain que la dichotomie qui en résulte ait été voulue par le cinéaste, en témoigne sa volonté de projeter le film avec un entracte, il n'en est pas moins vrai que cela peut créer une gêne pour le spectateur qui à l'impression de s'être fait enfumer par des éléments d'ambiance anormalement longs au début du film. Et sinon j'ai vu Ennio Morricone dans les crédits, mais j'ai rien entendu.


Ps : à la fin


des salopards meurent

Pierre_de_Renty
7
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le 22 janv. 2016

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Pierre dRy

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