LEGO Batman - Le Film
6.4
LEGO Batman - Le Film

Long-métrage d'animation de Chris McKay (2017)

Fort du succès du film La grande aventure LEGO, il n'en fallait pas plus pour mettre la puce à l'oreille aux producteurs : l'univers LEGO est sacrément juteux, il ne faut pas hésiter à l'exploiter encore et encore. En attente d'un second opus, voici qu'arrive un spin-off en guise de mise en bouche, centré sur Batman. Pourquoi pas. C'est vrai que Batman a tout un univers qui se prête à l'expérience.


Le ton est donné dès les premières secondes : le spectateur va manger de la parodie à toutes les sauces. Rien qu'avec Batman qui commente l'écran noir au début et les apparitions des logos, à coup de "DC, la boîte créée par Batman" ou "Je ne sais pas ce que fait RatPac, mais ce logo est bogoss", on a une idée de ce à quoi on va avoir droit, un sacré délire qui contraste avec le côté sombre de Batman v Superman.


On se retrouve avec le même type de Batman qu'on avait droit dans La grande aventure LEGO, un genre d'anti-Batman par excellence. Il est showman, prétentieux, immature, artiste musical à ses heures (souvenez-vous de son tube "Darkness ! No parents !"), mais il garde aussi les fondamentaux du personnage de base : il travaille en solitaire et il est marqué par la mort de ses parents, quand bien même, ici, il tente de le cacher à son fidèle majordome. Sauf que notre héros sera bien obligé de collaborer, quand le Joker constitue une nouvelle menace pour Gotham City, avec Dick Grayson, orphelin qu'il a accidentellement adopté, et Barbara Gordon, nouvelle commissaire en remplacement de son père James qui part à la retraite.


Tout l'univers de Batman, sous tous ses supports et sous toutes ses époques, se retrouve joyeusement dynamité dans ce spectacle haut en couleurs. Que ce soit la série animée de 1992 ou celle des années 60, la trilogie de Nolan comme les films de Schumacher, tout y passe. On sent que des passionnés de Batman sont derrière la majorité des "private jokes" du film, et pour un aficionado du justicier masqué et de son univers sous toutes ses formes, c'est un vrai bonheur de chercher toutes les références, que ce soit faite de manière plus ou moins subtil. Ainsi, on fait une grosse blague sur le fameux spray anti-requin qui, à priori, ne sert à rien, on fait plusieurs mea culpa au public pour Suicide Squad avec notamment Killer Croc qui s'exclame, enthousiaste, après avoir activé une bombe, "J'ai fait quelque chose !", on fait une longue liste de méchants dont certains auraient été inventés et on laisse le soin au spectateur de deviner lesquels, etc. La relation entre Batman et Robin quant à elle lorgne plus du côté de ce qui a été fait durant la période kitsch de Batman, avec même parfois un côté assumé face aux blagues crypto-gay qui ont été faites autour.


Au détriment de la totale créativité faite vis-à-vis de son univers qui faisait la force de son frère aîné, et c'est bien dommage car il est vrai que LEGO Batman ne tire pas le meilleur profit du fait qu'il soit tout en LEGO (quelques détails sympathiques qui se faisaient déjà remarquer dans le film de base restent présents fort heureusement, comme la construction, mais on insiste moins dessus), ce spin-off reste un joyeux foutoir inventif et où se côtoient encore une fois plusieurs univers.


Ainsi, le spectateur aura droit, en milieu de parcours, à des apparitions de Voldemort, des Gremlins de Joe Dante, de Sauron, etc. Ceux-ci collaboreront même avec le Joker pour mettre Gotham City sous leur emprise. On serait tout à fait en droit de se demander où les scénaristes sont allé chercher une pareil idée, mais ça marche.


Sans une seule seconde de répit, le film va balancer de la parodie à tout va, non seulement à son propre univers, mais aussi aux poncifs du genre. Ainsi, lorsque la population de Gotham City remarque que quelque chose se profile à l'horizon, on entendra un gars dire "Je vais commencer le pillage". Et pourtant, malgré ce côté totalement parodique, LEGO Batman n'hésitera pas à étoffer la psychologie de son personnage principal et sa relation avec le Joker.


Car c'est vrai, que serait Batman s'il n'avait pas de criminels à arrêter ? Sa vie serait drôlement vide de sens puisqu'il n'aurait plus rien sur quoi se consacrer, et le film tient à insister sur se point. Alors ça donne certes une morale très simpliste sur la famille, mais ça a le mérite d'exister, malgré le fait que le film tombe de temps en temps dans les poncifs du genre. Mais aussi, que ferait Batman sans le Joker, et inversement ? Comme disait le Joker à Batman dans The Dark Knight, "You complete me". Comme disait le Joker dans un épisode de la série animée de 1992, "Sans Batman, le crime est une blague sans chute". Si Batman fait tant d'effort pour mettre le Joker hors d'état de nuire, et si le Joker fait tant d'effort pour mettre Batman à l'épreuve, il y a bien une raison. Mine de rien, leur relation est traitée de manière intéressante, tout en restant cohérente avec le contexte moins sérieux du film.


Le reste du film est un gros spectacle pétaradant et sacrément jouissif, avec des scènes d'action qui explosent de partout, variées dans leurs styles toujours pour rendre hommage aux différentes périodes de Batman (les fameuses onomatopées lorsque Batman et Robin cassent du vilain sont de la partie), et convoquant un très, très grand nombre de méchants tirés de l'univers de l'homme chauve-souris, même si, il fallait sans douter, la majorité n'ont pas un grand temps d'apparition à l'écran.


Il subsiste quand même quelques problèmes non négligeables qui rendent le film inférieur à son illustre frère aîné La grande aventure LEGO. Notamment l'absence de côté seconde lecture, qui donnait en grande partie son sel au film de base avec sa thématique sur le pouvoir de l'imagination. Mais si LEGO Batman n'a pas hérité du côté seconde lecture, il a en tout cas hérité du principal problème de La grande aventure LEGO : le rythme, souvent très rapide, voire trop rapide. A force de foncer à toute berzingue, il y a de quoi épuiser même le plus hyperactif des spectateurs.


Après, je ne le cache pas, malgré les défauts, personnellement je n'ai pas boudé mon plaisir, loin de là. L'éternel gosse qui sommeille en moi a eu le spectacle fun et explosif qu'il voulait avoir. Souvent drôle voire très drôle, mené tambour battant, ce spin-off est un divertissement très agréable dont je suis sorti avec un large sourire. Que demander de plus ?

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le 12 févr. 2017

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Nick_Cortex

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