Adultère sous contrôle ?

L'homme qui a subi un adultère laboure le champ d'autrui et laisse le sien inculte d'une vérité difficile à admettre.

1956 marquera une coopération fructueuse pour le western puisque jusqu'en 1960 le comédien Randolph Scott et le réalisateur Budd Boetticher livreront ensemble pas moins de sept films. Si certains de leurs westerns sont vraiment bons, je pense à "La chevauchée de la vengeance" ou encore "L'homme de l'Arizona", Décision à Sundown représente l'un des deux rendus les plus faibles de leurs collaborations avec "L'Aventurier du Texas". À son corps défendant, il reste un western appréciable contenant des éléments suffisamment décent pour passer un bon moment. Parmi les points réussis, on retiendra le cadre compact du récit se rapprochant d'un huis clos efficacement filmé qui confère une atmosphère intelligemment conçue à travers un récit plein de suspense où la complexité morale est tout du long entretenue. Les séquences d'action bien que minimales sont bien chorégraphiées et alimentées par les enjeux de l'intrigue. Certaines séquences sont prenantes et inattendues avec un final inaccoutumé qui a de quoi surprendre.

En dépit des éléments positifs, Décision à Sundown est contre-balancée par un rythme nonchalant qui perd en tension malgré le suspens proposé à cause d'un scénario bavard qui use d'un flot de paroles non pas vides de sens, mais qui sur la durée manque clairement de texture et de consistance visuelle au point de devenir trop basique pour pouvoir tirer le meilleur conditionnement des thèmes abordés qui sont pourtant sur le papier délicat et nuancé. Une approche déstabilisante, car malgré les certains bons moments que présente l'histoire avec une crédibilité dramatique étonnamment mature, la surcharge de simplicité à travers de longs dialogues confère un manque de tension qui rend le tout instable et nébuleux. La mise en scène de Budd Boetticher est efficace mais ne parvient jamais à livrer la grandeur visuelle à laquelle le duo nous a habitués. La composition musicale d'Heinz Roemheld bien qu'elle s'intègre bien à l'action manque de relief et de texture dramatique qui aurait pu rendre le tout plus consistant.

Randolph Scott est comme à son habitude charismatique amenant à son rôle une crédibilité satisfaisante en tant que Bart Allison. Le personnage de Scott est le seul à posséder un développement digne de ce nom en dépit d'un manque de détermination autour du propos de celui-ci qui au vu de son excellent background aurait dû être bien mieux exposée en le sortant du contrôle verbeux dans lequel le cinéaste l'a enfermé.

Karen Steele en tant que Lucy Summerton apporte un petit charme bienvenu qui manque un peu de relief. Noah Beery jr sous les traits de Sam amène un peu de légèreté mais n'aide pas beaucoup Scott à rendre l'exposition de son personnage plus saisissante. John Archer pour le Dr John Storrow confère de la stabilité avec son rôle confiant. Niveau antagoniste on découvre dans un premier temps le shérif Swede Hansen incarné par Andrew Duggan, un opportuniste à la solde d'un homme de pouvoir : "Tate Kimbrough". Tate Kimbrough incarné par le comédien John Carroll est un méchant appréciable qui rend intelligemment la réplique à Randolph Scott. L'intelligence du récit vient de la faculté à pouvoir renverser la tendance de danger et de ressentiment qu'incarnent les deux hommes, autour d'une vieille histoire qui ne favorise nullement l'aspect héroïque de Randolph Scott. Valerie French en tant que Ruby James souscrit une chimie intéressante avec John Carrol.

CONCLUSION :

Decision à Sundown réalisé par Budd Boetticher est un western sympathique qui avait le potentiel d'être beaucoup plus que cela au vu de la proposition si particulière de celui-ci qui dans le fond s'avère convaincant et nuancé mais insuffisant dans la mise forme pour pouvoir rendre parfaitement justice à ce film. Les comédiens sont convaincants sans être incroyable avec en tête un Randolph Scott toujours au top qui aurait mérité un travail d'écriture plus percutant au vu de son background saisissant.

Un gros potentiel qui ne trouve point de résultat à hauteur de la proposition mais qui se respecte.