Ce western est sans doute le plus connu (au moins son titre) de ceux visionnés à l'occasion de ce cycle Western.
C'est l'occasion de reparler du justicier solitaire, mais celui qui le fait sous le couvert de la loi et pour protéger le bon citoyen. Celui qui, ayant décidé de raccrocher, revient sans que personne ne lui demande quoi que ce soit, parce que le village qu'il vient de laisser pour vivre avec sa nouvelle femme est de nouveau menacé par quelques malfaisants sortis de prison... qu'il avait lui-même déjà mis en prison.
Gary Cooper est ce justicier et c'est clairement le good guy de l'histoire. L'essentiel du film, finalement plus constitué de dialogues que d'action (à part la fin, parce que c'est comme ça que doit se terminer un western), nous montre donc cet ancien shériff redevenu shériff (poste qu'il n'a en fait quitté que quelques heures) faire le tour de la ville, à la fois pour capter l'opinion du village et recruter du renfort. Ca, c'est la vraie histoire.
Ce film nous ressort finalement un thème universel : résistance contre lâcheté, ou collaboration passive (ce qui n'est pas exactement la même chose), et le mythe du sauveur qui nous sauvera quasiment contre notre gré.
La force de Zinneman, le réalisateur, c'est de faire monter la tension graduellement dans le film, avec notre héros qui se rend compte petit à petit qu'il est complètement esseulé pour se défendre contre 4 lascars sans foi ni loi, avec des allers et retours entre ses mésaventures, et les gus qui attendent le train dans lequel le big boss de fin de niveau arrive. Plus l'alternance de plans sur l'horloge et le temps qui passe et le fauteuil vide matérialisant l'arrivée imminente du grabuge.
Autre aspect intéressant : l'alliance des deux femmes de l'histoire, qu'on ne voit pas venir tout de suite, loin s'en faut, et qui outre cette surprise, donne enfin à des femmes un rôle décisif dans le dénouement.
Et puis ce côté classique de la tragédie en 3 actes avec unité de temps de lieu et d'action :
- presqu'un seul endroit : la ville
- une unité de temps : la journée
- une unité d'action tournant autour d'un point climax : l'arrivée des méchants dans le village
Le tout en 3 actes, donc :
- le faux départ
- l'attente
- l'arrivée
Que manque-t-il à ce film pour qu'il m'ait complètement emballé ? Peut-être la réalisation n'est-elle pas aussi brillante que quand c'est John Ford qui s'y colle ? Peut-être ai-je un peu de peine à comprendre les choix des personnages ? Qu'est-ce qui guide leur choix, à part un abus de l'archétype : le sauveur, l'ambitieux, l'avide, la latino de caractère, etc ? Ces choix me semblent peut-être à chaque fois trop caricaturaux, les personnages sont trop prisonniers de leur archétype.
Et puis, cette manie des français de mettre des titres tout pourris :
le train ne sifflera jamais trois fois
.