En signant Le Train, John Frankenheimer met en scène la fin de l'occupation française par les allemands, s'inspirant d'un épisode réel où un colonel allemand tente, tant bien que mal, de rapatrier d'importantes œuvres d'art.
D'un bout à l'autre le film fonctionne, tout ce qu'entreprend Frankenheimer est un succès, de l'obsession du colonel pour les tableaux, de sa confrontation avec le principal résistant (formidable et émouvant Burt Lancaster) jusqu'à l'ensemble des protagonistes et l'importance qu'ils vont avoir au fur et à mesure. Bien écrit puis très bien ficelé, il place d'abord très bien le contexte du film (la fin de la Guerre, l'importance des tableaux aux yeux du colonel, moins pour ceux des allemands qui ont d'autres objectifs dans la retraite).
Il joue ensuite sur plusieurs tableaux, l'action évidemment, la façon dont le résistant Labiche va, tant bien que mal, tenter de ralentir le train, l'émotion, avec plusieurs séquences fortes, à l'image du final, ou tout simplement évoquer la Guerre dont on ne parle pas, celle du quotidien, de ceux qui ne sont pas armés, sur les quais, dans les villages ou tout simplement dans les auberges où le personnage de Jeanne Moreau brille par sa simplicité et évoque, parfois d'un simple regard, les conséquences de la Guerre pour les personnes comme elles.
Le Train brille aussi car Frankenheimer démontre une implacable maîtrise du cinéma, il joue avec les lieux, le temps, le hors-champ ainsi que le son pour nous immerger au cœur de cette histoire. Les séquences marquantes ne manquent pas, à l'image des gares masquant leurs panneaux pour tromper les Allemands. L'utilisation des seconds rôles marche à merveille aussi, ils sont tous importants et on le ressent qu'importe le temps d'apparition qu'ils ont. C'est aussi avec eux que le cinéaste réussi son pari, faire un film avant tout et profondément humain.
John Frankenheimer réalise avec Le Train un film profondément marquant et humain sur fond de Seconde Guerre mondiale et de fin d'occupation, signant une œuvre forte et tendue, jouant brillamment sur plusieurs tableaux et emmenée par de très bons comédiens, Burt Lancaster en tête.