Il fut un temps - j’étais très jeune et rempli de pseudo certitudes - où je n’aimais pas le cinéma de Douglas Sirk. Un jour pourtant, je me suis trouvé par hasard devant la diffusion de ce film à la télé et suis resté rivé sur ma chaise jusqu’à la fin, ne pouvant me détacher des méandres de cette somptueuse histoire d’amour en temps de guerre (la fin de la seconde guerre mondiale pour être plus précis). Les deux héros - interprétés superbement par Liselotte Pulver et John Gavin - traversent ce moment crépusculaire de l’histoire mondiale en portant le poids de l’humanité et de ses tares. Plus tard, le grand John Huston tournera un film similaire, situé dans une autre grande époque de chaos (la guerre de cent ans) et au titre très voisin (Promenade avec l’amour et la mort). Mais Sirk montre là qu’il est lui aussi un grand parmi les grands. Chaque plan est pensé, exécuté de main de maître, sa direction d’acteurs est prodigieuse et la fin arrive de ce fait comme une fatalité inéluctable, désenchantée mais pas désespérée. Malgré tout, il faut continuer à croire en l’être humain, c’est le message permanent du cinéma de Douglas Sirk, dont l’œuvre est à découvrir pour ceux qui ne la connaissent pas encore.

Maqroll
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Méli-Mélos, Les meilleurs films sur la Seconde Guerre mondiale et Les meilleurs films de 1958

Créée

le 11 juil. 2013

Critique lue 611 fois

7 j'aime

2 commentaires

Maqroll

Écrit par

Critique lue 611 fois

7
2

D'autres avis sur Le Temps d'aimer et le Temps de mourir

Le Temps d'aimer et le Temps de mourir
guyness
8

Un mélo, dit en sous-sol

On confond trop souvent ce qu'est l'essence d'un vrai mélo avec ses excès caricaturaux, ou, pire, avec ses versions outrageusement ratées. Revenir aux fondamentaux est pourtant simple: on retrouve...

le 2 oct. 2015

39 j'aime

4

Du même critique

Little Odessa
Maqroll
9

Critique de Little Odessa par Maqroll

Premier film de James Gray, l'un des génies incontestables du cinéma actuel, où déjà l'essentiel est en place. Un scénario, d'une solidité qui force l'admiration, rapporte une histoire tragique...

le 30 sept. 2010

20 j'aime

1

Babel
Maqroll
5

Critique de Babel par Maqroll

Une quadruple histoire dont on démêle peu à peu les intrications, qui constituent une espèce de fresque sur les difficultés des êtres humains à parler entre eux. Malheureusement, ce film rempli de...

le 17 juil. 2013

18 j'aime

2

L'Émigrant
Maqroll
10

Critique de L'Émigrant par Maqroll

Attention, chef d’œuvre absolu. Chaplin s’attaque ici au mythe des mythes, l’arrivée des immigrants aux États-Unis (via Ellis Island) et la voie ouverte à tous les rêves… La traversée de l’Atlantique...

le 10 juil. 2013

16 j'aime

3