Le Silence des agneaux - la respiration de Foster

En ce premier jour de l'année 2017, j'entreprends de voir un classique du cinéma que je n'avais jamais vu. Je choisis (un peu au hasard) Le Silence des agneaux. J'en avais entendu parler parce qu'il était un des seuls films à avoir gagné les 5 statuettes majeures aux Oscars (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure adaptation, meilleur acteur et meilleur actrice) et aussi parce qu'il était réputé pour faire peur. Je ne suis pas amatrice de films d'horreur, mais j'aime bien les thrillers. C'est donc confiante que je démarre le film.


Une rencontre : Clarice Sterling et Hannibal Lecter. Un cannibale au calme inquiétant et une étudiante intelligente. Les deux sont censés coopérer dans la quête de Buffalo Bill, tueur en série qui dépèce les femmes pour coudre leur peau. Des scènes à couper le souffle : la scène de la rencontre, mais aussi celle de "la cage" où toute l'intelligence de Lecter se dévoile au fur et à mesure. Ce poste de police à Memphis pris d'assaut, la technique du mort dans l'ascenseur et de la peau sur le visage, les morsures au visage, tout est maîtrisé dans le film.


C'est le chaos à Memphis, mais Clarice est toujours à la recherche de Buffalo Bill. Commence alors le meilleur jeu de montage que je n'ai jamais vu : Clarice se rend chez Mme Quelquechose (j'ai oublié son nom), car elle pourrait la renseigner sur une victime de Buffalo Bill. Pendant ce temps là, on voit le FBI au grand complet, qui pense, selon les fausses dépositions de Hannibal, avoir trouvé l'adresse de Buffalo Bill, encercler une maison. Enfin, on voit l'intérieur de la maison, où Buffalo Bill fait un strip-tease morbide et torture Catherine, sa victime. Le FBI sonne à la porte, on entend la sonnette dans la maison de Buffalo Bill. Il va ouvrir, dernier plan sur le FBI. Et Clarice est face à une porte. C'est ça, le génie de Demme : brouiller les esprits, les rendre confus et perdus, pour qu'ils n'aient plus qu'à se laisser porter par l'intrigue.


Clarice est entrée chez Bill : le loup est dans la bergerie, pour reprendre cette histoire horrible d'agneaux du film. Au début, elle ne sait pas qui il est. Mais il y a des papillons. Des papillons partout. Elle fait le lien, et touche machinalement son flingue. On y est. Course poursuite, Clarice est terrorisée, et l'arme qu'elle pointe tremble. Elle finit, après de nombreux dédales, par tomber sur Catherine, la torturée. Elle l'abandonne, et sait qu'elle doit affronter Buffalo Bill. Elle rentre dans une pièce, où un homme est en train de pourrir dans un bain (littéralement, c'est une baignoire) de sang. La lumière s'éteint. Nous ne voyons Clarice qu'à partir de lunettes à UV, que nous savons appartenir à Bill. Elle est effrayée, et seule sa respiration cadence la scène. Sa respiration saccadée, qui m'a fait me tordre de peur et m'a fait serrer le poing sans même m'en rendre compte. Elle lui tire dessus, elle a gagné.


La fin est une sorte de coup de théâtre, mais je ne l'apprécie pas réellement : j'aurais préféré que le film s'arrête sur la remise de diplôme de Clarice, sans cet épisode sur Hannibal. Le film Le Silence des agneaux fait partie de ceux que l'on n'oubliera jamais, car il est impossible de ne pas être marqué à vie devant cette Jodie Foster qui est troublante de vérité et devant Hopkins qui, en étant présent seulement pendant 25 minutes du film, est terriblement flippant, avec ses yeux bleus perçants. Le film est techniquement parfait, avec des plans à la composition plus que significative, avec des personnages dont la psychologie est plus qu'intelligente et se démarque par son mélange des genres : film policier haletant, thriller psychologique avec un vrai méchant psychopathe comme on les aime (le moment de la matraque m'a fait penser aux coups d'Alex dans Orange Mécanique) et enfin avec un film carrément gore (le moment où les tripes sont exposées, l'homme pourri dans la baignoire ...).


Je recommande donc plus que jamais Le Silence des agneaux, avec quelques avertissements quand même : pas en famille, pas avant de dormir, pas en mangeant.

CFournier
9
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le 1 janv. 2017

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Coline Fournier

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