Le film raconte tout autant les aventures du Petit Nicolas que, et c'est plus original dans l'animation, toute une partie biographique sur la relation amicale entre René Goscinny et Jean-Jacques Sempé qui a donné naissance à ce personnage dans les pages de Sud-Ouest Dimanche.
Il va sans dire que c'est magnifique à l'image, car les auteurs ont pris le partir de choisir le dessin tel que Sempé le pratiquait, mais de manière animé de sorte que ce soit magique. Tout comme les scènes dans la réalité entre Goscinny et le dessinateur, où tout nous est relaté sur le genèse du personnage, la création de ses parents, ses camarades d'école. A noter que le détail est tel que les scènes avec le petit Nicolas sont entourées de blanc sur les bords du cadre et que tout ce qui en sort passe en crayonné. Comme pour donner une impression de nostalgie sur ce passé joyeux entre ces deux hommes, où tout n'était que rires, jusqu'en 1977 où la disparition de Goscinny sonnera le glas du personnage : Sempé disparaitra quant à lui en 2022, mais comme il le dit, Nicolas vivra à jamais à travers leur œuvre. Le personnage interagit par ailleurs avec ses deux papas artistiques pour raconter comment il a été créé.
L'autre réussite se trouve dans le doublage, où Laurent Lafitte double Sempé et Alain Chabat Goscinny, ce qui a dû lui faire plaisir tant il revendique son influence sur son œuvre. D'ailleurs, Anne Goscinny (qui est coscénariste) l'a désigné, y compris au moment de la sortie de Mission Cléopatre comme le successeur spirituel de son père. En tout cas, je ne m'attendais pas à voir autant de mélancolie, dans les souvenirs de ces deux hommes, qu'une enfance difficile a unis dans leur douleur, pour en fin de compte faire rire les lecteurs. D'ailleurs, je suis étonné que quand on parle de l’œuvre de Goscinny dans le film, Astérix ne soit jamais cité, car sinon pour les lecteurs, comment justifier ce hiatus de plusieurs années où, quelques jours avant la mort de ce dernier, ils s'étaient retrouvés dans un restaurant pour envisager la suite des aventures du Petit Nicolas.
Bien que le film soit destiné à tous les publics, je ne m'attendais pas à y voir un fond de mélancolie, presque une nostalgie rêvée où tout avait l'air facile, en démarrant dans un café de Saint-Germain, et c'est une très belle réussite française.