C'est chouette de retrouver Le Petit Nicolas au cinéma, surtout après trois opus live inégaux phagocytés par les adultes têtes d'affiche en mode je-m'en-foutiste, comme lors de Vacances de sinistre mémoire.


D'autant plus que ce retour prend la forme d'un film d'animation épousant le trait épuré de Jean-Jacques Sempé.


Un retour aux sources, donc. Tandis que l'angle choisi par Amandine Fredon et Benjamin Massoubre dépasse les attentes. Car loin de se contenter de décalquer l'une des deux cents histoires mettant en scène l'enfant, les réalisateurs inscrivent ce dernier dans une mise en abyme dans la vie de ses deux heureux papas.


Le plaisir de retrouver le Petit Nicolas de nos lectures d'enfance est intact. Tout comme retrouver le goût de cette enfance d'un autre temps, sa fraîcheur, son innocence et sa spontanéité. Et puis, il n'y a pas à dire : le dessin de Sempé fait énormément pour l'attachement à ce gamin, à ses facéties et à son univers : ses copains, l'école, les parents ou encore ses relations avec les filles.


Mais le Petit Nicolas constitue finalement une sorte de fil rouge. Car avec Qu'est ce qu'on Attend pour être Heureux ?, c'est aussi l'histoire de Sempé et Goscinny qui nous est racontée : leur rencontre, leur amitié, leurs sources d'inspiration aussi.


Tout cela par petites touches. Ici, pas de révélations fracassantes, rien de foncièrement neuf. Juste des anecdotes sur les origines du personnage, sur la façon de l'envisager et ce qu'il représente. Autant de coups de pinceaux tour à tour légers, amusants, tristes, graves et mélancoliques, que la disparition très récente de Jean-Jacques Sempé colore d'un sentiment particulier.


Le Petit Nicolas s'évade donc de la feuille blanche où il a été dessiné pour prendre la place de compagnon de route du duo et porter son regard sur sa propre existence, tout aussi excité qu'amusé quant à ce que ses auteurs lui réservent en terme d'aventures et de nouvelles connaissances. Le petit garçon raconte, à travers lui, ses créateurs, qui l'ont nourri de leurs souvenirs et de leur failles parfois inattendues.


Une amitié brisée brusquement en 1977, imprimant au film un sentiment de douce tristesse succédant à la capacité d'ignorer la nostalgie factice qui menaçait le projet. Mais une amitié qui irrigue le film d'un sentiment de complicité qui réchauffe le coeur, tandis que la réflexion méta sur l'acte créatif n'envahit jamais l'oeuvre.


Le Petit Nicolas, lui, évolue en toute liberté, sautant d'une micro aventure à l'autre en nous révélant, en creux ce qui animait ses deux papas de plume.


Qu'est-ce qu'on Attend pour être Heureux ?, rêverie tendre, chaleureuse et émouvante ne fait pas qu'évoquer une partie de l'héritage de Sempé et Goscinny : Il le transcende.


Behind_the_Mask, qui attend l'heure de la récré.

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le 19 oct. 2022

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