Le Mur invisible est l’adaptation du roman du même nom de Marlen Haushofer, discrète femme au foyer autrichienne des années 60 devenue écrivain presque par hasard. Ce récit court mais ambitieux est à la fois une fable fantastique et un monologue existentiel parfois brutalement honnête.


Partie le temps d’un week-end se reposer avec des amis dans un petit chalet de la montagne autrichienne, une femme se réveille un beau matin coupée du monde par un mur invisible, lui laissant que l'espace nécessaire pour aller et venir, sans espoir de sortie. La protagoniste (Martina Gedeck) n’a pas d’explication au phénomène ; elle va donc tenter de s’adapter, de se construire une nouvelle vie. Accompagnée de son chien, Lynx, l’héroïne chasse, pêche, élève des vaches… Autant d’activités qu’elle rapporte dans son journal de bord.


Les premières minutes du film sont plutôt captivantes. La situation est intellectuellement stimulante d’un point de vue narratif. La « rencontre » avec le mur est réussie. Martina Gedeck effleure, touche, s’appuie sur la paroi invisible et convainc dans la sidération. La pulsation tellurique qui tient lieu de musique installe un climat d’angoisse qui culmine et frise l’horreur dans le cauchemar de la première nuit.


Au travers de son journal de bord, elle souligne le réconfort et la tendresse que lui procurent les animaux qui peuplent sa solitude. Plus que Noé, elle est Robinson en survie.


Entre le fantastique des situations, et la réflexion philosophique qui chemine tout au long de ces années de solitude forcées, les métamorphoses du personnage apparaissent de plus en plus évidentes, naturelles, alors que tout ici relève du surnaturel.


Seulement voilà, si Le Mur Invisible est parfaitement maîtrisé et visuellement très abouti, il n’en est pas moins, par moment, légèrement soporifique. Une caméra qui se complait parfois un peu trop dans ce décor enchanteur.
L’omniprésence de la voix off dessert également Le Mur Invisible, en condamnant l’image à l’illustration voire en la faisant tout simplement oublier, tant la parole appelle notre attention.


Ce film nous captive autant qu'il nous oppresse...

marius_brachanet
8

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le 18 oct. 2018

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Marius B.

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